Les passages de frontieres terrestres sont toujours des moments particuliers. D’abord parceque vous quittez un pays dont vous commencez a maitriser le mode de vie et dans lequel vous avez pris certaines habitudes, pour entrer dans un monde nouveau ou tout sera a refaire. Ensuite parceque ces lieux sont toujours dépourvus de toute chaleure humaine et ou regne une logique insaisissable dont vous semblez les seuls exclus. Poipet, poste frontiere a l’ouest du Cambodge est, a ce jour, la ville frontaliere la plus chaotique que nous ayons rencontré. Coté thailandais, les choses sont bien organisées, comme toujours, avec postes de douanes impeccables, routes récemment enrobées et moto-taxis a votre disposition pour franchir les derniers hectometres avant la sortie du pays. De l’autre cote, c’est l’anarchie la plus totale. Il ne s’agit pas seulement de la compréhensible rudesse du passage d’un pays plutot riche a l’un des plus pauvres de la planete. Avec pour conséquences, coté cambodgien, une infrastructure routiere inexistante, ou se résumant a une piste de terre rouge totalement inondée, et des bureaux de douanes fichés dans des baraques insalubres. Ce lieu, pourtant le point d’entrée au Cambodge le plus frequenté, est une concentration d'intentions malsaines. Il heberge notament de nombreux casinos pour thailandais frustrés de l’interdiction frappant le commerce des jeux dans leur pays, avec la cohorte d’individus peu frequentables que cela ne manque pas d’attirer. Il est peut-etre et surtout l’unique lieu au Cambodge ou l’on n'a qu’une idee en tete : vous délester au maximum de votre argent... D’abord pour quitter la ville et rejoindre Siem Reap a 150 kilometres de la. Rien ne vous permet d’obtenir la moindre information concernant les taxis collectifs, moyen de locomotion le plus économique. Meme la police vous explique que la gare routière n’exite plus, ce qui n’est évidemment pas vrai. Mais par où aller dans ce chaos total. Vous n’etes contraint qu’à une alternative, ou prendre un taxi privé (plus de 60 us$, une fortune pour le pays) avec les risques réels d’etre dépouillé et abondonné sur la route à mi-chemin, ou prendre un bus privé, venant de Bangkok, payer la course comme si vous faisiez la totalité du trajet, et avec la certitude d’arriver le plus tard possible à Siem Reap et de surcroit dans une Guest house de mèche avec la compagnie, et de devoir ensuite etre malin pour vous dérober au traquenard. Après 6 ou 7 heure de piste difficile, boueuse au possible, et avec un chauffeur visiblement peu pressé (tiens donc !!!) nous arrivons à Siem Reap...directement dans la cour d’une Guest House. Heureusement, ayant fait connaissance pendant le trajet avec Yannick et Fanny, un couple de Suisses eux aussi globe trotteurs, et ,bien sur, anticipe le coup, nous fuyons l’arnaque vers d’autres adresses plus recommandables. Il est 21h30 lorsque nous trouvons un hotel correct.
Samedi 4 Mai : après un changement d’hotel, nous partons à la decouverte de la ville qui possède a priori peu de charme. Pourtant on ne s’y sent pas si mal. La présence de Yannick et Fanny à nos cotes n’y est certainement pas étrangère. Nous conversons longuement ensemble, tout en visitant le marché, assez typique, avec en prime de magnifiques tetes de cochons qui font saliver Yannick, et en évitant plus loin les inévitables bars et restos à touristes, bien légitimes aux portes de la cité d’Angkor. Nous sommes exactement sur la meme longueure d’onde. Nous avons bien sur en commun le voyage, mais la complicité va bien au delà. Ils ont du détachement, de l’humour à revendre, aiment les bons petits plats, et tentent autant que possible de se fondre dans la population locale. Nous nous retrouvons ainsi le soir à la table d’un petit restaurant du marché, seuls touristes installés, à déguster les spécialités locales au nombre desquels des poissons au curry, du riz sauté, des nouilles de riz savament épicées, des grenouilles (cuisses ou entières) et d’excellent fruit shakes. Avec l’échoppe voisine, ce sera notre cantine.
Le lendemain, le grand jour est arrivé. D’abord, c’est l’anniversaire de Yannick. Ensuite, nous allons découvrir la cité légendaire d’Angkor, petit point inscrit de longue date sur notre itinéraire. Nous avons choisis un ticket offrant trois jours d’entrée sur le site, et d’effectuer la visite à vélo. C’est le meilleur moyen selon nous pour passer d’un site à l’autre au grés de nos envies et du flux de visiteurs qu’il ne manquera pas d’y avoir. Nos deux suisses se joingnent à nous meme si Fanny était un peu réticente au départ. Que ne ferait on pas pour l’anniversaire de son homme.
Le premier site qui s’offre à nous en arrivant dans l’immense cité antique est celui d’Angkor Vat. De longer les murs d’enceinte, encerclés d’un immense bassin, en apercevant au loin les trois plus hautes tours du célèbre temple, est déjà un moment exceptionnel. Comme à chaque fois, arrivés devant ces lieux mythiques, il est difficile de se faire à l’idée d’y etre, en chaire et en os. Que ces merveilles tant de fois imaginées, dévorées des yeux au travers du petit écran ou au détour d’un livre, se trouvent cette fois bel et bien devant vous. Vous y etes et rien de votre corps et de votre esprit ne semble enclin à le croire, comme s’ils vous protégeaient contre un mirage, une illusion. Nous ne savons si c'est pour cela, ou en raison de la déjà forte affluence, malgré l’heure matinale, mais en tout état de cause nous choisissons de snober le joyau angkorien et de poursuivre notre route jusqu’à Angkor Thom. Peut etre avons nous tout simplement envie de savourer, de ne pas tout dévorer d’un coup. Nous avons trois jours pour sillonner la cité, prenons notre temps, c’est ce que nous avons de plus précieux.
Avant d’aller plus loin dans la description des différents sites que nous allons découvrir, laissez nous vous exposer quelques généralités sur l’histoire d’Angkor, qui vous permettra peut etre de saisir un peu mieux le passé de ce lieu.
Angkor fut la capitale de l’ancien Empire Khmer. Les Dieux-Rois qui se sont succédés à sa tete rivalisèrent dans l’édification de sanctuaires de taille, d’envergure et de symétrie inégalées. Angkor Vat n’est-il pas le plus grand édifice religieux du monde ? Ce qu’il reste d’Angkor ne constitue que la partie sacrée de la capitale, seuls les temples ayant ete construits en pierre. Les palais ou habitations en bois ont disparus depuis longtemps. Songez qu’à son apogée Angkor abritait un million de personnes, quand à la meme époque Londres n’en comptait que 50 000 ! La capitale Khmer fut construite entre 802 et 1432, avec des periodes de déclin et de renouveau. L’Empire s’est étendu de la Malaisie, la Birmanie au Laos et au Vietnam.
Parmis les periodes les plus importantes, nous retiendrons :
- le soulèvement et la mise á sac d’Angkor par les Chams, du royaume Champa au vietnam. Ils seront chasses 4 ans plus tard.
- Le règne de Jayavarman VII (1181-1219), le plus grand constructeur. Il batira Angkor Thom, le Bayon, le Ta Prhom, Bateay Kdei, le Preah Khan, et reconstruira de vastes ensembles. Avant lui, la référence sacrée est Shiva ou Vishnou. Il opte quant à lui pour le Bouddhisme. Malgré cela il gardera la caractéristique architecturale angkorienne : temple montagne ceinturé de douves, représentant le mythique mont Meru entouré par les océans, qui fut la résidence de Shiva. Apres sa mort, l’Empire décline. L’Hindouisme redevient religion d’état et fait détruire une grande partie des sculptures bouddhiques ornant les temples.
- Enfin les pillages en 1351 et 1431 par les Siamois. Ils viennent d’Ayuttahya, cite dont nous vous avons déjà conté l’histoire (lire notre passage en Thailande).
Après notre passage devant les murs d’Angkor Vat, nous nous dirigeons donc vers Angkor Thom. La cite couvre dix kilomètres carrés et est entourée d’un rempart carre de huit metres de haut pour douze kilometres de long, lui-meme ceinturé par une douve de cent metre de large. Cinq portes monumentales de vingt metres de haut percent les remparts, décorées de trompes d’éléphants a la base et surplombées de quatre gigantesques visages chacun dirigé vers un point cardinal. Au pied de chaque porte, un alignement de statues enormes semblent tirer sur le corps d’un serpent. Il s’agit de cinquante quatre dieux et cinquante quatre demons bataillant, symbole du « barratage de la mer de lait », que l’on retrouve sur les bas-reliefs d’Angkor Vat. Pour entrer dans Angkor Thom nous devons passer entre dieux et demons puis sous la porte gigantesque. Autant vous dire le frisson que vous procure ce moment. L’émoi est a la hauteur de l’édifice. De l’autre coté nous longeons une route dessinée en plein coeur d’une foret touffue. Au centre d’Ankor Thom se trouve le Bayon. Avant d’y arriver, nous croisons quelques singes agglutinés sur les bords de la route. Le Bayon est ce fameux temple montagne comprenant cinquante quatre tours, ornées de deux cent seize visages monumentaux. Où que vous vous trouviez sur le temple, vous etes observés par ces visages bienveillants. La sensation est unique. Nous commencons à nous faire à l’idée que nous déambulons dans ce lieu fantastique. S’il n’est pas le plus grand des temples, le Bayon est certainement le plus mystèrieux. Il semblerait meme que les archéologues n’aient pas encore élucidés la signification complète et exacte de ce lieu. Pendant notre visite, quelques moines bouddhistes déambulent au pied de ces visages ajoutant une atmosphère mystique à cette merveille archéologique. Nous sommes tiraillés entre excitation (malgré la chaleur) et reccueillement. Quel cadeau pour Yannick que d’etre là le jour de son anniversaire.
Un peu plus loin, nous parcourons les ruines du Baphuon. Il ne reste pas grand chose de ce qui devait etre l’un des plus beau temple d’Angkor, en témoigne la majestueuse chaussée surélévée de deux cent mètres de long qui mène à la structure principale. Le temple fut démonté en vue de sa restauration quelques années avant la guerre civile, chaque morceau numéroté et répertorié. Seulement les Khmers Rouge, n’étant pas à un forfait près, détruisirent tous les registres, laissant les archéologues à venir devant le plus grand puzzle du monde. Nous nous arretons ensuite sur le chemin pour manger à la table d’une petite gargotte. Nous ne cessons de discuter avec Yannick et Fanny. Leur compagnie est un vrai cadeau.
En quittant le petit resto, nous longeons la terrasse aux éléphants, longue de près de quatre cent mètres, qui servait de tribune géante pour les cérémonies publiques. C’était une sorte de grande salle d’audience. Les cinq avancées vers la place centrale sont ornées de Garuda (dragon à tete d’aigle), de lions grandeur nature ainsi que d’une époustouflante parade des éléphants. Dans le prolongement, nous nous arretons auprès de la terrasse du Roi Lépreux. Sur cinq niveaux coté extérieur, et quatre à l’intérieur, en longeant un petit couloir à ciel ouvert, sont sculptés de magnifiques Apsaras assises, de Roi au diadème pointu accompagnés de leur cour, ou encore de Nagas. Ce sont des centaines de visages qui vous font face, certains dans un état de conservation exceptionnel. Au cours de notre inspection, un petit orage éclate. Par la suite, chaque fois que nous passerons à proximité de cette terrasse, nous aurons droit à la pluie. Aurions-nous offensés un dieu, ou bien cherche-t-il à protéger un secret que nous serions susceptibles de découvrir ? Toujours est-il que le phénomène nous surprendra. Cette immense esplanade restera dans notre souvenir un lieu d’une extreme élégance, bien qu’humide !
Nous nous élancons ensuite pour quelques kilomètres de vélo jusqu’au Preah Khan, temple le plus au Nord de notre visite d’aujourd’hui. Meme si nos vélos ne sont pas particulièrement en bon état, et malgré les bruits inquiétants qui s’en dégagent parfois, nous savourons à l’extreme la sensation de liberté qu’ils nous procurent. Plus on s’éloigne et plus nous semblons seuls au milieu d’une végétation assez dense, en route pour découvrir de nouvelles merveilles. Le Preah Khan est notre premier apercu de temple envahit de végétation où quelques arbres dégoulinent des ruines. Pour ce jour, de l’avis général, c’est le plus beau site que l’on ait vu. C’est un dédale de couloirs voutés, de sculptures superbes (dont des Apsaras magnifiques) et de pierres couvertes de lichen. Le monument est très bien conservé. Toutefois certaines parties éboulées nous permettent de « découvrir » quelques aires cachées, moins accessibles, que nous « empruntons » pour savourer la sensation d’etre seuls au milieu de ces ruines. Vers le fond, le site est plus abimé par la jungle et quelques arbres immenses jouent les équilibristes sur les ruines. Ce symbole de l’Angkor que nous connaissons aujourd’hui complète à merveille la majesté des ruines. Entre les longues racines courant lascivement le long des murs couverts de mousse verdatre, apparait parfois une Apsara, sculpture raffinée, ou les détails d’un portique finement ouvragé. Il en dégage une force élégante et brutale à la fois, comme si la nature avait voulut parfaire le travail de l’Homme, quitte à le détruire. Il en émane comme une poésie minérale et végétale.
Au fond de l’ensemble architectural, une curiosité. Un peu à l’écart, sur la gauche, s’élève devant vos yeux incrédules une structure à deux étages de style grec, avec ses colonnes, son chapiteau, sa structure rectangulaire. D’où vient cette emprunt à l’architecture Hellénique, plus de mille ans après le déclin de cette civilisation et à l’autre bout du monde ? Les chercheurs n’ont semble-t-il pas encore trouvé sa fonction. Nous terminons cette journée par l’ascencion, c’est le mot juste, du Phnom Bakheng, après etre revenu sur nos pas et retraversés Angkor Thom. Temple montagne construit au sommet d’une petite colline, son escalade n’est pas des plus simple. Les escaliers pour monter les cinq étages du temple sont énormes et d’une inclinaison terrifiante. Les marches des temples mexicains sont des escalators en comparaison. Arrivé au sommet, la pluie se met à tomber. Nous nous abritons quelque temps, un peu plus bas, auprès d’une empreinte de Bouddha, puis nous decidons de rentrer. Le retour au frais est appréciable après l’atmosphère étouffante de l’après-midi, accentuée par plus de quarante kilomètres de vélo et un bon nombre d’autres à pied. Le soir, nous continuons à prendre plaisir à papotter avec Yannick et Fanny. A défaut de gateau, il soufflera ses bougies sur une barre Mars.
Mardi 6 Mai : deuxième jour au coeur d’Angkor. Nous empruntons le grand circuit à l’envers et rejoignons rapidement le Prasat Kraven. Ce temple, un peu à l’écart, est un des plus anciens (X ième siècle). Des bas-reliefs, à l’intérieur des tours, sont directement ciselés dans la brique. Ils représentent Vishnou faisant ses trois pas pour conquérir l’univers. Les chauves-souris qui habitent le temple y laissent une si forte odeur que la visite est forcément courte.
Nous passons ensuite par le Banteay Kdei. Les portes monumentales qui en percent l’enceinte sont ornées de Garudas qui arborent les quatres visages favoris de Jayavarman VII. En face, se trouve le Sra Srang, ou bassin aux abllutions qui mesure huit cent mètres sur quatre cent. A cet endroit, nous sommes accostés par quelques marchands qui courent au devant de nous. Cela se produit d’ailleurs devant chaque temple. Mais ce matin, ils sont particulièrement insistants et jouent à fond leur ritournelle habituelle. D’abord « Where do you come from ? – France. – Aaah France, capital Paris » suivit de « Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix », encore suivit parfois de « Ein, zwei, drei, etc... », puis encore pour les plus embrouillés « Un, dos, tres, etc.. ». Et ca finit par « If you don’t buy me, you make me cry ». Il faut pourtant etre patient et compréhensif. Ces gens sont la plupart du temps des habitants des villages environnants, donc descendant directement des batisseurs d’Angkor. Ils sont surtout très pauvres, et ne constituent pas, comme en Egypte par exemple, une petite mafia très organisée controlant les accés touristiques. Seulement, c’est comme partout, quand ils insistent un peu trop, ca finit par gonfler quand meme. Toutefois, la technique du « May be tomorrow » avec un sourire, utilisée par Yannick, est plutot efficace.
Ensuite, nous rejoignons le Ta Prohm. Ce temple est indescriptible. Tout y est plus grand, plus beau, plus surdimenssionné qu’ailleurs. Les sculptures d’Apsara sont plus élégantes et plus nombreuses. Les bas-relief, plus difficile à dénicher sous les éboulements. Ces derniers justement sont énormes, et pourtant il reste de très nombreux couloirs et batiments debout. Les arbres recouvrant les ruines sont plus gigantesques, plus nombreux, plus élégants et plus inventifs qu’ailleurs pour laisser apparaitre sculptures et gravures dans l’enchevetrement de leurs racines. Enfin, il recceuille le lieu où fut prise la photo la plus connue d’arbre recouvrant les ruines d’Angkor. On s’amusera d’ailleurs pas mal à cet endroit. Un groupe de Japonais ne se souciant guère du fait que nous prenions le site en photo, s’installe pour leur séance de poses ridicules dont ils raffolent. Pierre-Louis s’installe à deux pas d’eux et mime une scène où il se fait avaler par l’arbre, Gozilla végétal. Le groupe ne bronche que lorsqu’il pose à leur coté comme s'il faisait parti du tour organisé, la casquette en moins !
Plus loin, on profitera d’une cour plus difficle d’accès pour se poser tout les quatre et continuer nos discutions sur le monde.
Nous déjeunons devant le Ta Keo, que nous escaladons pour le dessert. Ce sera les marches les plus raides que nous arpenterons. La descente est vraiment périlleuse.
En fin de journée, nous nous abritons à la sortie d’Angkor Thom, car un violent orage vient d’éclater. Une véritable pluie de Mousson, devastatrice. Corps et vélos à l’abris sous la bache d’une échoppe, nous observons ébahit le déchainement de la nature jusqu’à ce que l’eau finisse par envahir notre oasis et emporter nos vélos. Le tout remis en ordre, il ne nous reste qu’à attendre la fin du déluge. Seulement, celui-ci ne semble pas disposé à s’arreter. Une légère accalmie nous pousse à reprendre la route. La pluie continuera jusqu’à notre arrivée à Siem Reap. Mais ces dix kilomètres sous l’orage, sur les petites routes boueuses du Cambodge, à croiser parfois de véritable pelotons cyclistes, principalement des écoliers en uniformes blanc et bleu, seront un vrai délice. L’après-midi a été à nouveau étouffant et nos quarante kilomètres quotidiens à vélo pèsent. L’averse nous rafraichit et rend plus léger l’effort du retour.
Le lendemain, dernier jour de visite.
Nous commencons par Angkor Vat de bon matin. Les avis dans notre groupe sont partagés. Certes, ce n’est pas le plus beau des sites, ni peut-etre le plus impressionnant à nos yeux. Pas de végétation à l’assaut de la forteresse. C’est pourtant un travail architectural magistral, avec des bas-relief de la plus grande finesse. Ces derniers, ornant l’ensemble du mur d’enceinte du temple, sont les plus énormes que l’on ait vu. A l’intérieur, chaque colonne est sculptée d’une incroyable broderie. En revanche, peu de Bouddhas de pierre restent dans ce temple qui en a abrité plus de mille.
Ce temple n’a jamais été laissé à l’abandon. Il fut probablement construit comme édifice funéraire de Suryavarman II (1112-1152), en l’honneur de Vishnou. Mais sa fonction était avant tout de servir de temple. Il est d’ailleurs orienté vers l’Ouest, ce qui a une double signification : la mort (les bas-relief sont de plus élaborés dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, ancien rite funéraire hindou) et le fait que Vishnou est associé à l’Ouest.
Angkor Vat est célèbre pour ses Apsaras. Il en possède plus de trois mille qui portent plus de trente modèles de coiffure différente. Il possède aussi des gravures de Naga à sept tetes qui symbolisent l’arc-en-ciel, pont symbolique entre les Hommes et la demeure des Dieux.
L’une des choses les plus impressionnantes reste l’allée de quatre cent soixante quinze mètres, large de neuf mètres cinquante, bordée d’une balustrade en forme de Naga, menant au temple. Nous marchons un moment dans les jardins de ce joyau de l’art religieux.
Ensuite, plutot que de chercher à visiter de nouveaux temples, nous repartons vers ceux qui nous ont le plus marqués. Nous revisitons ainsi le Bayon et Preah Khan. On commence à souffrir sur les vélos. La chaleur est toujours écrasante et les kilomètres s’accumulent. Après déjeuner, nous nous dirigeons vers le Neak Pean. Nous croisons très peu de monde sur la route. C’est agréable. Ce site est petit mais remarquable par ses quatres bassins entourant un cinquième de taille impressionnante, orné d’une statue de cheval à jambes humaines.
Nous finissons la boucle avec le Ta Som. Peut-etre le plus « mignon » des temples. Plus petit et plus abimé, il recèle une dose de romantisme plus forte qu’ailleurs. Au fond, un arbre aux mille racines chevauche une porte qui visiblement commence à souffrir de porter ce fardeau. Encore une photo très connue d’Angkor.
A la fin de la boucle, on se sépare. Yannick et Fanny rentrent, nous deux voulons voir une dernière fois Ta Prohm et Angkor Vat. Un nuage gachera le coucher de soleil sur ce dernier. Ce sera pour une prochaine fois. Le retour commence à etre dur pour Mélanie, qui se fait régulièrement aider par les poussettes de Pierre-Louis. A l’arrivée, Mélanie ne peut meme plus parler.
Jeudi 8 Mai. Nous nous remettons doucement de nos émotions par une grasse mat’. Le reste de la journée est consacré au farniente. Nous fetons sobrement la séparation d’avec Yannick et Fanny. Ils partent demain. Mais nous nous quittons comme si nous nous disions à demain, tellement nous sommes certain de nous revoir bientot. Nous pensons bien qu’une amitié est née.
Jusqu’au Mercredi 14, nous restons à Siem Reap. Nous avons pas mal de travail pour le blog qui a pris du retard, et nous ne nous decidons pas à quitter ce coin. C’est fait le jeudi 15 Mai. Départ pour Phnom Penh.