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Blog-Trotters

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2 décembre 2008

Hué, la capitale culturelle du Vietnam.

La route qui nous mène à Hué est splendide. Nous longeons souvent la côte et, régulièrement, nous surplombons de magnifiques paysages de rizières. Nous avons choisi cette étape car Hué est la capitale culturelle du Vietnam, en plus d’abriter l’ancienne cité impériale. C’est aussi l’époque du festival d’Hué, avec musique et cérémonies en tout genre. Seulement, les prix sont prohibitifs pour notre budget (équivalent à ceux pratiqués en Europe pour ce genre de manifestation !). Nous nous contenterons des expos ou autres animations de rues (trop peu nombreuses), ou encore des répétitions ouvertes au public, comme celle de la cérémonie de clôture devant la porte de

la Cité Impériale.

Dès le premier soir, nous dînons à l’excellent Lac Thien : petit restaurant chaleureux tenu par un sourd-muet rigolard et très accueillant, mondialement connu, en témoignent les photos des quatre coins de la planète qui décorent les murs. Il faut dire qu’il offre à ses clients un décapsuleur artisanal, fait d’une lamelle de bois, d’une vis et d’un boulon. A charge pour eux de lui retourner une photo d’un décapsulage de bière devant un monument du monde (le Mont Saint Michel ou le Pont Recouvrance de Brest, par exemple). Et ils sont nombreux les voyageurs à orner les murs déjà bien encombrés de dédicaces faites au marqueur (dont un drapeau Gwen-ha-Du !). Ce petit coin sympa deviendra notre cantine tout au long de notre séjour.

La ville a revêtu ses habits de fête à l’occasion du festival : l’impressionnant Pont

Trang Tien

, œuvre de Gustave Eiffel, est, le soir venu, illuminé de milles feux multicolores. Certains carrefours se voient ornés de chevaux métalliques, sculptures suspendues à trois mètres du sol, reflétant leur éclat argenté tout au long de la nuit. Des fleurs de lotus géantes, illuminées de rose, éclairent

la Rivière

des Parfums qui traverse la ville. Enfin, des arches de fleurs de lotus en tissu surplombent quelques rues du centre.

Au cours de notre séjour ici, nous avons, une fois encore, l’occasion de côtoyer la gentillesse vietnamienne. Nous ne savons pas encore qu’après Hué les choses changeront, les gens du Nord Vietnam étant bien moins agréables. Les femmes arrêtent souvent Mélanie dans la rue pour la complimenter sur sa tenue vietnamienne, certaines même la touche avec un brin de curiosité fébrile. A l’hôtel, après avoir aidé un ami de la réceptionniste à prononcer des mots de sa leçon de français, un petit rituel se met en place avec eux chaque soir : ils nous souhaitent, en français, de passer une bonne nuit. Ou encore à notre cantine, nous oublions un soir un sac rempli de fruits de la passion à notre table. Ils nous rappellent du balcon à grand renfort de gestes, puis, les fruits récupérés, toute la troupe nous lance des au revoir en riant de notre distraction.

Nous aurons souvent l’occasion d’arpenter

la Citadelle Impériale.

Bien qu’en partie détruite, elle a conservé le calme et la tranquillité qui prévalait au temps de sa splendeur. Dès avoir franchit les portes qui percent l’interminable mur d’enceinte, chose pas forcément aisé du fait de l’étroitesse de l’ouverture et de la dangerosité que l’on sait des scooters qui s’y succèdent sans fin (Pierre-Louis trouvera l’idée de leur faire peur en faisant de grands signes pour qu’ils nous laissent un passage), nous pénétrons dans un espace ombragé, spacieux, avec peu de circulation.

La Cité Interdite

proprement dite est un peu plus loin, occupant le centre de la citadelle, et ceinte d’une seconde ligne de bassins. L’entrée principale est magnifique autant que monumentale. Au-dessus, un immense tambour devait présider aux cérémonies dynastiques.

A l’intérieur, c’est un dédale de rues menant à différents monuments ou habitations dont les façades, portes ou bien paravents, sont ornés de décorations colorées et chargées, à l’influence chinoise prononcée. Une partie de

la Cité

laisse place à un terrain vague, en attendant une reconstruction prochaine. Toutefois, plusieurs sites sont en rénovation, d’autres sont laissés à l’abandon et s’étiolent malgré les travaux récents. Quelques-uns nous renvoient à la splendeur passée et nous plongent au cœur d’une époque fastueuse et glorieuse du Vietnam. A la pagode de

la Reine-Mère

, nous sommes occupés à chaparder quelques litchis tombés au pied de l’immense arbre qui étend son ombre sur une partie du jardin, quand deux gardes s’avancent clairement dans notre direction. Nous tentons de conserver une certaine contenance, tout juste si nous ne sifflotons pas afin de feindre une décontraction peu naturelle. Arrivés à notre hauteur, l’un récupère une perche adossée à l’arbre et nous fait tomber une pluie de litchis que l’autre nous aide à ramasser ! Nous quittons les lieux en d’aimables salutations, encore surpris de se retrouver avec près de deux kilos de fruits savoureux ! Le soleil est de plomb, la chaleur étouffante et nous quittons la citadelle trempés et fourbus.

Le dernier soir du Festival nous sommes surpris, pendant notre dîner au Lac Thien, par l’explosion d’un feu d’artifice. Nous regardons le spectacle avec toute la famille du restaurant, hilare et fascinée, autant que la petite dame qui ne cesse de dire « Boum-boum !» en se marrant et tapotant Pierre-Louis amicalement. Quelques minutes plus tard, alors que nous longeons

la Rivière

des Parfums pour rejoindre notre hôtel, nous apercevons des lampions s’élever dans un ciel noir d’encre. Ce sont des dizaines de lampions de près d’un mètre de haut qui sont lâchés de la place où se tenait la cérémonie de clôture. Ils viennent, portés par la brise, dans notre direction. Nous restons là, émerveillées par le spectacle de ces feux-follets traversant les nues. Ils viennent parfois s’échouer à quelques pas de nous, devenant quelques instants après la proie de jeunes et moins jeunes s’adonnant à un jeu bien dangereux, à se disputer les restes qui se consument violemment. D’autres finissent par se poser délicatement sur

la Rivière

des Parfums, illuminant pour un instant seulement le raz des flots avant d’être engloutis par les eaux qui reflètent encore les milles autres rescapés qui s’envolent au-dessus du pont Eiffel aux couleurs flamboyantes. Le moment est magique.

La veille de notre départ, nous partons visiter

la Pagode Thien

Mu qui se trouve à une dizaine de kilomètres de notre hôtel. Il fait chaud mais nous choisissons la marche pour nous y rendre. Et nous faisons bien. En effet, à mi-parcours, notre curiosité nous attire vers une maison traditionnelle. Après le portique d’entrée, nous fait face un « écran », ce fameux paravent sculpté : il s’agit plutôt de « para-vue », car sa fonction est, outre de repousser les mauvais esprits, de cacher, à la vue de tous, la vie de la maison. Ici, à hauteur de l « ’écran », deux chemins partent de chaque côté d’un bosquet ombragé. Mélanie n’est pas très à l’aise dans ce rôle de voyeur mais au moment où nous nous apprêtons à quitter les lieux, un petit homme d’âge mûr nous interpelle en venant à notre rencontre. Il nous invite à visiter sa demeure. En passant, il cueille quelques fleurs de jasmin odorantes qu’il nous offre. Il parle quelques mots d’anglais et nous fait la visite en détaillant fièrement, anecdotes familiales incluses, les deux pièces principales : une pièce de vie, une autre où trône l’autel des Ancêtres richement sculpté. La salle est soutenu par des piliers eux aussi décorés dans un style, là encore, d’influence chinoise. La visite ne dure que quelques minutes, mais la spontanéité et la gentillesse de notre hôte nous émeut.

Quelques kilomètres plus loin, écrasés sous la chaleur, nous arrivons au pied de la pagode. L’entrée est dominée par une élégante tour surplombant la rivière, large à cet endroit, et qui serpente à travers une végétation dense. Derrière, s’étend la pagode, domaine des moines, abritant, semble-t-il, une école de jeunes moinillons aux tenues jaunes, bleues ou marron. Nous avons la chance d’assister à un office au cours duquel s’élèvent ces chants envoûtants propres au culte bouddhique. La cérémonie est magnifique autant qu’émouvante. A la fin, nous brûlons quelques bâtons d’encens en pensant à ceux que l’on aime, restés en France.

Les jardins sont calmes, ornés de bonzaïs et accueillant le vol de papillons géants. Tout nous invite décidemment à la méditation. Un bâtiment, sur la gauche, nous renvois pourtant à une réalité moins sereine. Il abrite un « monument historique » : l’Austin du Vénérable. Ce véhicule, tristement célèbre, est celui que l’on distingue en arrière-plan d’une photo qui a fait le tour du monde (reprise par ailleurs par le groupe Rage Against The Machine pour la pochette de leur premier album) : celle d’un moine s’immolant par le feu à Ho Chi Minh Ville, il y a une quarantaine d’années, en signe de protestation contre le régime persécutant les moines. La voiture était la sienne. Il venait de ce même monastère. Un moine l’a rachetée et rapatriée ici pour perpétuer le souvenir de ces jours sombres du Communisme Vietnamien.

Nous poursuivons encore un peu notre marche le long de la rivière majestueuse, sous le soleil de fin d’après-midi. Nous tombons sur les vestiges du Temple de

la Littérature

, abritant encore deux rangées de sculptures de tortues sacrées, portant sur leur carapace une stèle remplie d’idéogrammes chinois.

Un dernier repas au Lac Thien, et nous rentrons à l’hôtel, l’esprit rempli de cette faste journée. Demain, nous partons pour Hanoï.

 

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2 décembre 2008

Nha Trang et Hoi Han.

Lundi 2 Juin, nous quittons Dalat pour rejoindre Nha Trang. A la sortie de la ville de départ, nous longeons un cimetière œcuménique (croix hindous, chrétiennes, bouddhique, etc…) peu commun. La route traverse la montagne. Les paysages sont merveilleux, même si le chemin laisse une énorme cicatrice dans cette superbe forêt de moyenne montagne. Lors d’un arrêt, nous avons tout le loisir d’observer une nouvelle fois de magnifiques papillons, noir et turquoises ceux-là.

L’arrivée à Nha Trang n’est pas de tout repos car nous éprouvons de grandes difficultés à nous diriger dans la ville malgré notre plan (pas terrible, il faut bien le reconnaître). Il fait chaud et les sacs commencent à peser lourd. Après une bonne heure de tours et de détours, nous trouvons enfin le Camille Guest House, excellent hôtel tenu par un couple franco-vietnamien franchement sympathique. N’ayant prévu de rester à Nha Trang que jusqu’au lendemain soir, nous avions déjà réservé notre billet de bus, nous le regrettons par la suite.

La ville n’est pas la cité balnéaire bondée et bétonnée à laquelle nous nous attendions. Elle est agréable, le bord de mer splendide (même si les vagues rejettent sur la plage un nombre trop impressionnant de déchets pour inviter à la baignade). En outre, la cité décèle de véritables trésors pour qui aime flâner dans les recoins des villes. La vieille Cité Cham (du nom de l’Empire qui régnait ici entre le 7ème et le 12ème siècle) offre des ruines élégantes, récupérées aujourd’hui pour le culte bouddhique. Le port qui s’étend au Nord de la ville nous ravit également. On y trouve un alignement de bateaux bleus, majestueux avec leur millier de drapeaux flottant au gré du vent. Sur les rives, des femmes font sécher les filets de poissons, offrant, vu du pont, le spectacle d’un canevas de centaines de tamis rectangulaires alignés avec élégance.

Une dernière discussion avec le patron de l’hôtel (qui vivait dans la région rennaise), et nous partons en bus de nuit pour Hoi Han. Pour quelques dollars de plus, nous aurions pu prendre un bus couchette. Nous le regrettons amèrement : la nuit est pénible, avec en sus notre chauffeur qui fait taxi collectif pour remplir le car à craquer quand il s’agit d’un transport réservé aux Open-Tickets. Cela fait des économies de carburant, certes, mais se retrouver coller serrer avec son voisin qui s’endort sur votre épaule dans la chaleur moite de la nuit, vous conviendrez que ça n’est pas des plus agréable. De plus le conducteur est un vrai chauffard (pourquoi ne pas doubler en plein virage dans une montée, sans visibilité ?), mais ce n’est pas exceptionnel au Vietnam.

Précisons d’ailleurs cet étrange état de fait dans ce pays : le code de la route se résume à un simple rapport de force. Plus le véhicule est gros, plus il dispose du pouvoir routier. Ainsi le camion ou le bus doublent même si des voitures se trouvent en face. A ces dernières de se ranger comme elles peuvent ; celle-ci ne font aucun cas des motos et scooters qui font de même avec les cyclistes, qui ne portent eux-mêmes aucune attention aux piétons ! Scooters et vélos vont même jusqu’à se détourner de leur trajectoire pour passer devant un piéton qui traverse, même si celui-ci à déjà parcouru les trois quart de la route. Et le jeu semble encore plus fin s’il s’agit d’une personne âgée qui se voit frôlée intentionnellement et continuellement alors qu’elle tente de rejoindre le trottoir d’en face (alors le culte des Ancêtres si « cher » au Vietnamien en prend un coup, ou bien un Ancien n’est respectable que mort !). La seconde règle sur la route est le klaxon : utilisé pour tout et tout le temps, il devient, en plus d’être inintelligible, dangereux.

Nous séjournons à Hoi Han du Mercredi 4 au Dimanche 8 Juin. Que dire de cette ville sinon chanter les louanges de cette petite cité aux ruelles bordées de maisons coloniales splendides, abritant certes, aujourd’hui, restaurants et boutiques en tout genre, mais ayant conservées leurs couleurs et leur élégance. Loin d’être une ville musée, les rues sont débordantes d’activités. Nous sommes pourtant plongé dans un autre temps, un trait d’union entre un passé majestueux et un présent mercantile. L’atmosphère générale est apaisante et nous ne nous lassons pas de déambuler dans la ville, ruelles après ruelles, de longer la rivière et de se poser sur ses rives, à l’ombre d’un Flamboyant ou face au sublime Pont Japonais parfaitement conservé. Ou encore de s’approcher du marché pour y déjeuner ou y faire nos « courses » pour le dîner. Ici commence d’ailleurs ce qui sera notre quotidien jusqu’à notre départ du Vietnam : nous achetons nos bouteilles d’eau deux fois par jour au même endroit, et tous les jours les vendeuses tentent de nous infliger le « prix touriste »… Et tous les jours nous réexpliquons que nous ne payerons pas plus que le prix réel. Et tous les jours elles traînent des pieds pour finalement se résigner à ne pas nous arnaquer (à Hanoï ce sera encore pire car de nombreux marchands préfèrerons ne pas vendre plutôt que de pratiquer un prix réel avec un touriste !).

Mélanie profite de notre escale à Hoi Han pour se faire deux tenues sur mesure qui lui vont à ravir. L’endroit est idéal pour faire ses achats de souvenirs du Vietnam. Beaucoup de choix, beaucoup de goût et des prix vraiment intéressants. Hoi Han restera la plus jolie et agréable ville dans laquelle nous aurons séjourné dans ce pays. Un havre de paix, d’autant plus que les scooters sont peu nombreux à arpenter les rues de la vieille ville.

En quittant Hoi Han, nous longeons de très près la côte vers Da Nang : nous sommes estomaqués de constater que sur la quinzaine de kilomètres qui séparent les deux villes, il y a, sans discontinuer, des constructions de complexes hôteliers le long de la plage de sable fin… A l’avenir, la paisible cité d’Hoi Han  risque bien de perdre son atmosphère si particulière.

2 décembre 2008

Ho Chi Minh et Dalat.

          Notre transfert jusqu’à Ho chi Minh Ville (Saïgon) se passe assis par terre, dans un bus, pendant trois heures, sur une route plutôt chaotique. Nous sommes le Mercredi 28 Mai, et nous découvrons l’élégante et bruyante ancienne capitale. La circulation des scooters y est infernale, mais la ville dispose de monuments superbes.     

A la volée, citons le marché Ben Tanh, grand dôme où fourmillent des centaines de personnes autour d’étales bondées de toutes sortes de marchandises ;

la Mairie

, sorte d’Hôtel de Ville de Paris, style néo-roman, aux couleurs blanche et rose qui lui donnent un peu l’aspect d’un gros gâteau à la chantilly (le jardin qui lui fait face est superbement orné de bonzaïs extravagants et abrite une belle statue de l’Oncle Ho) ; de nombreuses bâtisses coloniales, comme l’Evêché ou le Palais de Justice, sont de véritables joyaux ;

la Cathédrale Notre

Dame construite entre 1877 et 1880, de style néo-roman en briques rouge de Toulouse, fait face à

la Poste Centrale

, œuvre de Gustave Eiffel, construite entre 1886 et 1891, magnifique ouvrage abritant deux grandes cartes de Saïgon et de l’Indochine, peintes respectivement en 1892 et 1936, et un portrait monumental de l’Oncle Ho, bien sûr.

La ville est intéressante, mais Mélanie veut partir au plus vite : les grandes villes la stresse. Nous trouvons une bonne formule pour traverser le Vietnam : les Open-Tickets vous offrent la possibilité de joindre Hanoï en plusieurs étapes, en bus, et au rythme que vous souhaitez. En plus, c’est très économique : vingt-sept dollars chacun pour cinq trajets de bus ! Qui dit mieux ?

Nous quittons Saïgon le 30 Mai pour un véritable chemin de croix jusqu’à Dalat. Le trajet va durer huit ou neuf heures au lieu des cinq annoncées ! Nous cumulons sur la route une série d’avaries (assez impressionnantes) : deux crevaisons ; le bus qui ne veut pas redémarrer après la pause déjeuner (nous nous retrouvons même à pousser au cul de l’énorme bus, faisant d’interminables tentatives pour réveiller l’engin) ; et enfin, les vitesses qui passent quand elles l’ont décidées (l’ascension finale jusqu’à Dalat se faisant en deuxième, à une allure d’escargot !). Nous arrivons donc de nuit dans la fameuse station climatique de l’époque coloniale bâtie par Yercin, Français très reconnu et respecté au Vietnam. L’hôtel est sympa, la patronne dynamique et nous tombons à la sortie sur René et son équipe d’ « Easy Rider ». C’est un petit bonhomme d’âge mûr, ancien élève de l’école française, réputé pour les tours à moto qu’il organise. Nous négocions ferme pour parcourir les environs le lendemain.

Cette journée en moto dans cette région vallonnée sera inoubliable et grisante. René et son collègue nous font visiter tout ce qu’il est possible de voir dans cette partie très fertile du pays, et aux paysages remarquables. Nous traversons ainsi les plantations de café du Vietnam, qui s’accrochent à perte de vue aux flancs des collines. René connaît beaucoup de monde et nous fait souvent entrer dans des exploitations sans demander quoi que se soit aux propriétaires qui nous adressent tout juste un salut du bout des doigts. Nous visiterons ainsi une porcherie qui dispose d’un alambic posé entre deux box où l’animal s’adonne à son passe-temps favori, la sieste. On y produit de l’alcool de riz, alcool roi dans les campagnes vietnamiennes. Et René nous explique que, tel de bon Léonards ou Bourguignons, comme il ne faut rien gâcher, le surplus de production ainsi que les brisures de riz servent à nourrir les cochons qui, ivres à longueur de journée, s’engraissent très rapidement en dormant. Nous traversons aussi une fabrique de vers à soie, ou encore une exploitation de fruits de la passion que l’on goûte pour la toute première fois. C’est succulent, et comme l’exploitant n’est pas là, René nous en ramasse un sac complet, nous exhortant à ne pas nous en faire vu qu’il est connu des propriétaires. Dans ce cas… Nous avons aussi l’occasion de découvrir deux superbes cascades, fort différentes au demeurant. La première est nichée au milieu des pins, omniprésent autour de Dalat (ce qui lui confère une atmosphère très vosgienne voir, dans la ville, un côté très Landes française). Il y a peu d’eau mais la vallée est superbe, verdoyante et colorée, avec même quelques orchidées sauvages qui poussent ça et là. La seconde est bien plus spectaculaire. Nous nous y rendons après un déjeuner succulent dans un petit établissement donnant sur un charmant petit lac. Cette chute d’eau est la plus impressionnante que nous ayons approchée à ce jour. C’est la cascade des Eléphants, et comme le pachyderme, elle est énorme et puissante. En descendant, le vacarme est assourdissant, et la vaporisation de l’eau, due à la violence de la chute, rend le chemin extrêmement glissant. Nous restons un bon moment aux pieds du mastodonte minéral, époustouflés par sa beauté. La journée se termine par la visite du centre de Méditation Bouddhique, haut lieu touristique ou de voyage de noces pour les Vietnamiens. Un peu kitsch, mais très beau. On y trouve même des hortensias bleus, comme en Bretagne ! Puis, après une petite balade dans le quartier français, nous visitons l’ancienne gare ferroviaire, près du Lycée français Yercin, de style normand, genre demeure bourgeoise de Deauville.

Le lendemain, nous continuons à parcourir cette ville déroutante, à pied cette fois, et sous les averses de pluie. L’architecture des bâtiments, la douceur du climat et la flore locale nous ramènent en France, et même aux quatre coins de l’Hexagone. En traversant les différents quartiers, nous sommes successivement à Bagnol-de-l’Orne, à Deauville, à Saint-Jean-de-Luz ou encore au cœur des Landes, pour arriver parfois tout de même au Vietnam profond, avec ses vendeuses de rues transportant leur fardeau sur les épaules (dont de délicieuses galettes géantes sucrées, au gingembre et sucre de canne), ou son grand marché couvert. Nous goûtons également au vin local, pas mal, et aux fraises du coin, pas franchement mûres. En revanche, nous testons un vin cuit du genre Porto qui vaut le détour ! Nous nous rendons en fin d’après-midi sur les bords du lac artificiel du centre ville : c’est l’heure des cerfs-volants. Dans toutes les villes que nous parcourons au Vietnam, les enfants et adultes jouent au cerf-volant en fin de journée. Sous le ciel orageux du jour déclinant, le ballet multicolore de ces papillons de papier nous procure un moment de paix. Bref moment d’ailleurs car, vers 18h, retentit dans des haut-parleurs le message du Parti. Nous n’y comprenons rien, mais le contenu de ce discours doit certainement « éclairer » les auditeurs dans leur vie de tous les jours. A notre grande surprise, les Vietnamiens n’ont pas vraiment l’air attentif.

4 novembre 2008

Sadec, prelmiers jours au Vietnam.

     Après quelques semaines d'interruption, dûe notamment à un retour par la case France, nous sommes à la veille de reprendre la route direction... l'Afrique. Oui mais voilà! Aucune ligne concernant le Vietnam et la Mongolie n'est parvenue jusqu'à vous. Revenons donc quelques mois en arrière, jusqu'à ce jour de Mai où nous entrons au Vietnam par la petite porte (minuscule poste frontière de Prek Chak, au fin fond d'une piste boueuse dans la campagne cambodgienne), c'était le 25. Tiens, le 25, ce ne serait pas l'anniversaire de Pierre-Louis?

     C'est en effet au cours d'une journée d'anniversaire que nous quittons le Cambodge pour entrer au Vietnam. Et Dieu sait si les passages d'un pays à l'autre sont, en dehors même du franchissement toujours délicat et bourré d'incertitude d'un poste frontière, parsemés de moments de doutes, de surprises (pas toujours bonnes) et d'imprévus. Pour atteindre le poste frontière de Prek chak, c'est assez "roots"! Entassés à sept dans un taxi (le chauffeur est assis sur les genoux d'un passager!), nous partons de Kampot vers 9h00. Nous quittons rapidemment la route enrobée pour emprunter une piste de terre rouge, typique du Cambodge. Chaque village que nous traversons nous déleste d'un passager ou deux, si bien qu'à la moitié du chemin, nous ne sommes plus que tous les deux et le chauffeur. Le poste frontière était jusqu'à présent réservé aux nationaux des deux pays. Il ne s'est ouvert aux étrangers que depuis quelques semaines. Et il ne doit pas en passer beaucoup, en atteste les mines surprises des fonctionnaires qui nous acceuillent. Nos E-visas cambodgiens (obtenus sur internet) sont, semble-t-il, les premiers qu'ils voient et passent au crible d'une inspection minutieuse afin d'attester leur validité.

     Pour le visa d'entrée au Vietnam, moins de problème. On nous invite toutefois à payer nos formulaires d'immigration, billets qui finissent tout droit dans la poche du militaire de service. Taxe légale ou pas, nous ne sommes pas enclins à discuter aujourd'hui. Nous le faisons toutefois un peu plus avec les chauffeurs de moto dop (mi-scooter, mi-moto), un peu gourmands, qui offrent leurs services pour nous conduire jusqu'à Ha Tien, la ville vietnamienne la plus proche.

     Après quelques menues embrouilles à la gare routière, nous trouvons un bus pour Rauch Gia, un peu plus au Sud. Notre but: y trouver un autre bus afin de rejoindre, si possible dès ce soir, la petite ville de Sadec qui a vu grandir Marguerite Duras, au coeur du Delta du Mékong. La gare routière de Rauch Gia est déserte, à l'exception des chauffeurs de moto dop toujours trop gourmands, et qui s'accrochent à nos basques. Avouons toutefois qu'au Vietnam, le reste de notre séjour le confirmera, ils ne sont pas trop insistants. Un "non" ferme et la troupe se volatilise. En revanche, la négociation n'est pas aisée et les prix restent exagérés. Mais nous n'avons pas le choix, et aujourd'hui nous sommes pressés. Nous n'avons pas de carte de la ville, donc aucune information pour savoir où trouver notre bus. Les motos dop nous déposent quelques kilomètres plus loin, au bord d'une large rue de la ville. Une petite guérite est placée là, au milieu du trottoir. L'hôtesse ne parle pas anglais mais on nous assure que c'est d'ici que partent les mini-bus pour Sadec. Un homme d'une bonne cinquantaine d'année nous aide un peu dans nos démarches. Il parle un peu anglais et quelques mots de français lui reviennent. Nous restons une bonne heure en sa compagnie pendant laquelle il nous présente quelques amis à lui: un vieil homme qui fume cigarettes sur cigarettes; un sourd muet ou encore un petit homme un peu timide qui accompagne Pierre-Louis deux rues plus loin, jusqu'à un distributeur de billets automatique. Notre ami du moment est très chaleureux et se remémore quelques souvenirs qui le rattachent à la France, comme le chanteur Christophe dont il fût fan, ou quelques vers de chansons ou de poèmes appris à l'école française.

     La route jusqu'à Sadec est terrible, mais le plaisir est immense de se voir s'enfoncer dans le mythique Delta du Mékong. Nous longeons pendant plus de cinq heures de multiples bras, des affluents ou confluents du fleuve. La route est souvent bordée de part et d'autre de canaux aux largeurs variables. Nous comprenons alors ce que nous avions lu sur la région. Pour les habitants, il est ici plus naturel de se déplacer en barque qu'en moto ou en voiture. Le long de notre chemin nous pouvons observer de petites maisons et des boutiques. C'est une véritable haies qui nous accompagne presque sans discontinuer. Nous avons l'impression de n'avoir jamais quitté la ville de départ. Le trajet est long, en partie à cause de ponts qui sont en rénovation, et ils sont nombreux ici!

     Arrivés à Sadec, l'orage est près d'éclater. Nous chevauchons pour la énième fois de la journée une moto dop. Les chauffeurs, très gentils, nous déposent au Sadec Hotel, établissement gouvernemental. C'est pire que ce que l'on croyait: l'hôtel est lugubre, exactement ce que l'on peut imaginer de l'architecture communiste (gris, sombre, massif et dépourvu de la moindre idée de confort). En plus, les chambres sont hors de prix. Nous quittons l'endroit un peu navrés. La pluie commence à tomber et nous ne disposons d'aucune carte de la ville. Mélanie pense avoir aperçu une enseigne pendant le trajet à moto. De fait nous trouvons rapidement un petit hôtel privé, extrêmement confortable, en plein centre de la ville, face au marché, et à prix très raisonnable. Il s'agit du Huong Thuy.

     Ca y est, nous pouvons enfin nous poser, et penser à fêter un peu cet anniversaire. Sur la terrasse de notre chambre, le ciel nous offre un coucher de soleil magnifique sur les toits de la ville: un ciel grandiose traversé d'un arc-en-ciel splendide! Lors d'un voyage au long cours, les chambres d'hôtel sont parfois d'une importance majeure. Elles peuvent devenir le petit « chez soi » que l'on a quitté depuis des mois. On peut ressentir le besoin de recéér un petit univers familier, confortable où se poser un peu, s'isoler. D'ailleurs, dès que l'on parle de rentrer à l'hôtel, on dit plutôt rentrer à la maison. Quand nous trouvons ce genre d'endroit, nous nous offrons le droit à un peu de relâchement.

     Une fois installés, nous partons à la recherche d'un petit resto. Les gens dans la rue sont plutôt étonnés de voir deux Occidentaux, mais leur réaction est agréable. Les « hello » fusent à chaque personne que l'on croise. De nombreuses personnes en scooter nous saluent en riant. Les femmes vont chercher les enfants à l'intérieur des maisons pour qu'ils nous saluent! C'est charmant. Après un repas de porc au caramel (pas excellent) en face de l'école que dirigeait la mère de Marguerite Duras, nous nous installons à une table d'un petit troquet qui sert des bières locales. On nous avait vanté leur saveur, et on ne nous avait pas menti! Là encore, les gens nous adressent des petits gestes amicaux, semblent nous remercier simplement d'être là. Un vieil homme vient nous « taxer » quelques cigarettes, en français s'il-vous-plaît. Nous rentrons à l'hôtel un peu grisés par l'alcool, et très détendus par cet acceuil si chaleureux de la ville qui a couvé les amours relatés dans « L'Amant ». Nous pouvons dire que ce soir-là, nous sommes heureux!


     Au cours des deux jours suivants, nous visitons la ville de long en large. Nous decouvrons de superbes pagodes et des maisons de Mandarins Chinois (de l'époque de la présence chinoise). La pagode de Kien An Cung est celle qui retient le plus notre attention. Les murs intérieurs sont couverts de fresques, dessins tenant plus de la B.D. qu'autre chose, mais vraiment splendide, et d'une finesse... L'atmosphère de cette pagode en bois, aux dorures et couleur rouge et noir, invite à la sérénité.

     Puis nous visitons la maison du Mandarin Huynh Thuan, le fameux « amant » de Marguerite Duras. C'est une passante qui nous confirme qu'il s'agit bien du lieu de pélerinage littéraire. Elle entre elle-même se renseigner pour nous, pour savoir si la visite est possible. Il y a peu, c'était encore un poste de Police, mais il y a quelques mois, la ville en a fait un petit musée/hôtel très agréable. Pour les puristes, la maison n'est plus bleue mais blanche. Cela n'enlève rien à l'émotion d'être là. L'habitation est belle avec ses boiseries sculptées, petite et simple. Des photos de famille de Marguerite Duras et de Huynh Thuan côtoient ça et là des photos du film de Jean-Jacques Annaud. Nous apprenons que Marguerite Duras a quitté l'Indochine sur un paquebot baptisé Alexandre Dumas. Clin d'oeil de l'histoire! Nous finissons la visite en dégustant un thé au jasmin accompagné de gingembre confit avec la guide, dans le salon de la maison. Nous sommes tous les trois tranquillement attablé, à discuter de choses et d'autres. C'est magique! Imaginez-vous à Giverny, boire le thé en toute désinvolture dans la cuisine de Claude Monet! Pour rester sur le thème durassien, nous faisons plus tard le tour de l'école primaire dont la mère était directrice. C'est un petit bâtiment jaune datant de 1902, en forme de U avec la cour au milieu. Par la fenêtre d'une salle de classe, nous sommes surpris de découvrir sur l'étagère, derrière le bureau de l'instituteur, des livres en français (dont Le Petit Larousse 1996) et de vieilles cartes de France comme nous en avions dans nos propres classes! Sensation étrange et douce. Retour en arrière émotionnel sur nos jeunes années, atmosphère de cours de récré, et tout ça en plein milieu du Delta du Mékong! Nous pensons bien sûr beaucoup à Philippe, notre ami admirateur de Marguerite Duras et nous nous promettons de revenir un jour ici avec lui.

     Nos balades nous emmènent également le long du Mékong, jusqu'aux immenses pépinières ou se cachent une variété infinie de plantes odorantes et colorées, poussant sagement sur les rives du fleuve millénaire. Le coucher de soleil nous offre à nouveau une lumière magnifique.

     A Sadec nous prenons également nos premiers repas attablés à de véritables dinettes installées sur le trottoir. Ce sera le cas bien souvent au Vietnam. Là encore, les gens sont plutôt surpris de nous voir manger là. Ca les amusent beaucoup, même nos cuisinières qui tentent de nous expliquer comment, avec des baguettes, découper un morceau de viande plongé dans la soupe. Si vous allez un jour au Vietnam, n'hésitez pas une seconde à vous attabler dans ce genre d'établissement. Les soupes y sont succulents et, ce faisant, vous expérimenterez le mode de vie typique du Vietnamien.

1 août 2008

Fin de sejour : Kratie et Kampot

Lundi 19 Mai : Kratie.

La route qui doit nous mener vers Kratie (trois cent cinquante kilomètres de Phnom Penh) nous permet de nous faire une idée juste de ce qu’est le Cambodge. Comme lors de nos deux autres longs parcours dans le pays, nous nous rendons compte à quel point ce pays est différent des autres que nous avons traversé. Il s’en dégage une certaine « authenticité » bien que nous n’aimions pas particulièrement ce terme. Vous ne trouvez pas ici, en dehors de Phnom Penh, les signes d’une occidentalisation galopante. Vous traversez de nombreux villages, figés dans le passé, constitués de maisons de bois souvent sur pilotis aux abords des cours d’eau, où la vie s’écoule sans sophistication, avec la simplicité d’un mode de vie ancestrale, comme si pas grand chose n’avait changé depuis la chute de l’ Empire Khmer. Meme lorsque vous traversez un centre un peu plus important, le manque d’infrastructure est flagrant. Quelques batiments de béton s’agglutinent ca et la, sans elegance et sans organisation frappante, pour laisser place, plus loin aux habitations de bois. L’histoire la plus reculée dont peut témoigner l’architecture ne va pas plus loin que la période coloniale francaise. Vous pouvez d’ailleurs encore voir de belles batisses coloniales plus ou moins fraiches. Cette simplicité, et presque dénuement, n’est pas sans charme et déroute un peu, tant nous sommes habitués á voir partout dans le monde les memes signes d’occidentalisation comme les panneaux publicitaires géants ou les drugstores « sponsorisés », et dont l’absence ici nous renvoit l’image d’un monde qu’il y a peu était encore multiple.

Sur la route nous nous arretons à Skuon. C’est dans cette petite bourgade que l’on peut déguster des araignées frites dans l’huile. Nous en avions salivé de longue date, c’est avec une pointe de déception que nous quittons le village. C’est sur, nous pourrons dire que nous l’avons fait, mais ce n’est pas très bon. Ca n’a d’ailleurs le gout de rien (surtout pas de poulet comme souvent décrit). Mais de voir ces plateaux de tarentules grillées, à coté desquelles vous pouvez observer des futures candidates à la cuisson encore bien vivantes, apporte sans nulle doute un dépaysement total qui vaut le détour. Kratie dispose de pas mal de batiments coloniaux pas trop mal conservés, mais l’attrait le plus important de la ville est sans conteste la splendide vue sur le Mékong. Au cours d’une de nos flaneries sur les berges, un petit garcon d’une dizaines d’années se montre très curieux à notre encontre et s’affublera d’un adulte interprète afin de nous bombarder de questions. Rencontre charmante qui s’avèrera fréquente au Cambodge. Les jeunes, en particulier, s’arreteront souvent à notre hauteur pour éprouver leur anglais (c’est impressionnant le nombre d’entre eux qui parlent anglais comparé à la Thailande, pays riche et moderne, où il faut se lever tot pour en croiser un) et se montreront curieux, gentils, doux et toujours interessants, abordant avec vous des thèmes aussi compliqués que la démocratie ou la liberté de pensee.

Le soir nous dégustons un plat de nouilles sur le bord du fleuve, entourés d’une nuée d’insectes attirés par le néon de l’échoppe, et ne manquant pas de tomber régulièrement dans notre bol.

Le lendemain, nous partons pour accomplir ce qui nous a amené à Kratie : l’observation des dauphins de l’Irrawaddy, dauphins d’eau douce malheureusement en voie de disparition après les campagnes de peche intensive pour leur huile sous Pol Pot, et la fainéantise des pecheurs locaux s’adonnant a la peche a la dynamite, plus rapide et facile. Il resterait sur cette portion du Mékong moins de cent individus, perdant tous les quatre ans seize à vingt pour cent de leur population. On en trouve encore quelques uns au Laos et en Birmanie, mais leur disparition semble inéluctable malgré le travail du Projet de Sauvegarde des Dauphins du Mékong. La visite est cadrée par cet organisme, ce qui garantie une utilisation modérée du moteur à l’approche des mamifères. Nous allons passer une heure sur le Mékong dans une embarcation traditionnelle, à dériver la plupart du temps en silence dans le courant, apercevant ca et la quelques spécimens de cette espèce gracieuse, à qui il ne manque que le « nez » pour ressembler à nos dauphins de mer. Chaque apparition est un événement, évidemment bref, mais quel bonheur de pouvoir approcher cet animal.

L’embarcadère pour l’observation des dauphins se situe à quinze kilomètres de Kratie, sur la route de Stung Treng, chemin que nous effectuons à scooter. Cet aller-retour est un pur bonheur. Les habitations de bois sont encore plus belles ici. Nous longeons le Mékong par cette route boisée, traversant de petits ponts de bois, et volant au passage quelques scènes de vie rurale au voisinage.

De retour à Kratie, un orage éclate. Il durera toute l’après-midi et inondera en partie le centre-ville.

Le mercredi, nous repassons par Phnom Penh, transit avant un déplacement vers le Sud. La route est un peu moins longue qu’à l’aller, ce qui nous laisse le temps de passer par la Poste et meme de faire réparer les sandales de Pierre-Louis, bien fatiguées après six mois et demi de voyage. C’est un cordonnier ambulant qui fait remarquablement ce travail. Petits métiers ayant depuis fort longtemps disparus chez nous, pourtant bien utiles. Pierre-Louis repart fier comme Artaban, ses « nouvelles » sandales aux pieds.

Le 22 Mai, nous partons pour Kampot. Les paysages le long de la route sont magnifiques. Les montagnes font leur apparition, couvertes de végétation. Nous surplombons de nombreuses rizières, encadrées de palmiers, dans lesquelles des buffles d’eau s’ébattent. La ville ne manque pas de charme, étalée le long du Prek Kampong Bay, superbe fleuve calme et docile, au-delà duquel s’élève l’ombre massive de la montagne Phnom Bokor. Les gens y sont adorables, prévenants, comme le groupe d’adolescents que nous croiserons plusieurs fois le long des berges, et avec qui nous discuterons longuement, ou encore notre petit vendeur de délicieuses patisseries qui essayera de nous apprendre quelques mots de cambodgiens. Toute la journée et aux quatre coins de la ville, s’affrontent des équipes en différents sports collectifs. Nous assistons à un match de vollez-ball qui semble subjuguer la foule. Il faut dire que c’est un des sports roi ici. Nos jeunes interlocuteurs nous apprennent que pendant plusieurs jours ont lieu ici des rencontres sportives régionales. Le lendemain, en allant chercher du pain de bon matin, Pierre-Louis assistera à un défilé de jeunes gens en tenues de sport, banières à la main, comme à la parade.

Le soir, nous dénicherons un petit resto qui ne paye pas de mine, mais qui s’avèrera succulent et extremement bien servit. Nous y dégusterons deux soupes à la crevette avec riz à volonté.

Le lendemain, Jeudi 23 Mai, nous partons à l’ascension de la montagne en Pick-Up. Nous sommes accompagnés d’un couple d’anglais et d’un Belge qui choisiront de grimper jusqu’à Bokor dans le véhicule. Pour notre part, nous prenons place à l’arrière et c’est cheveux au vent que nous escaladons le Parc National, à travers une jungle exceptionnelle dans laquelle s’enfonce par moment le chemin de terre rougeatre que nous empruntons. Nous passons ainsi au pied d’arbres gigantesques, au nombre desquels quelques palmiers dont nous n’aurions jamais soupconné la capacité à s’élever si haut. Leurs palmes atteignent la hauteur d’un immeuble de trois ou quatre étages. Traverser ainsi cette jungle qui abrite tigres, éléphants, léopards, cerfs et autre tamanoirs donne de véritables frissons de plaisir ! Arrivés au sommet, une visite hallucinante commence. D’abord, l’ancienne villa du Roi Sihanouk, qu’il n’a presque jamais fréquenté. Ruines pas très intéressantes si ce n’est la vue sur la mer, quelques kilomètres au loin et mille quatre vingt mètres plus bas !

Ensuite nous avancons jusqu’aux chutes de Popokvil, hautes de plus de trente mètres sur deux niveaux. Vraiment impressionnantes.

Puis, nous poussons quelques kilomètres plus loin jusqu’à la ville fantome de Bokor. C’est une ancienne station climatique francaise construite en 1917, abandonnée à deux reprises, en 1940 puis au début des années soixante-dix. Depuis la station est restée inhabitée. Nous déjeunons sur place, dans ce décor hors du temps. Pour ajouter à l’ambiance particulière de ce site, des nappes de brouillard ne cessent de couvrir et découvrir les ruines, se déplacant à une vitesse ahurissante. Le décor est dantesque. L’église, qui se détache par intermittence de la brume, prend des allures macabres et inviterait plus à une messe satanique qu’au recceuillement silencieux de quelques paisibles dévos. Nous parcourons cette station incroyable, apercevant parfois l’ensemble du site, d’autres fois, ne pouvant à peine distinguer la personne qui vous précède de quelques pas. Au pied de l’ancien Casino, au sujet duquel notre guide nous raconte l’histoire de quelques joueurs ruinés s’étant jetés de la falaise affleurante, nous découvrons stupéfait un petit ammoncellement de douilles, cartouchières et mines russes et chinoises. Cela nous rappelle que ce lieu fut le theatre de quelques escarmouches avec les Khmers Rouges avant la guerre civile, ou encore après qu’ils furent chassés du pouvoir. Les derniers bataillons ont en effet occupés cette montagne jusqu’au début des années quatre vingt dix. Contournant le Casino pour rejoindre le Palace un peu plus haut, la torpeur vient s’ajouter à la palette de sentiments que nous procure déjà la visite du lieu. Une explosion très proche et puissante nous fige de stupeur. Le guide, à moitié rassuré lui-meme, nous assure que le terrain a été déminé, et que se doit etre les militaires, occupant l’ancienne station pour certains exercices, qui ont surement fait sauter un bloc de roche. Tout le monde rit jaune.

Nous n’apercevons qu’avec difficulté le Palace. La brume est désormais très dense. L’imposant batiment semble s’avancer vers nous tel un vaisseau fantome abandonné depuis belle lurette par ses occupants. Nous arpentons mi-sidérés, mi-émerveillés les couloirs et pièces de cet ancien temple du luxe francais. La lumière fantomatique et les murs rongés par l’humidité vous submergent d’une impression glacante. C’est proprement incroyable. Meme un mauvais réalisateur n’aurait aucune difficulté a y mettre en scène un scénario à la « Shining » à faire palir d’effroi les spectateurs. Le silence rendu opaque par la brume vous met les nerfs à fleur de peau. L’expérience est à peine croyable.

Nous redescendons la montagne en retrouvant le soleil, subjugués par le moment que nous venons de vivre. La journée de visite se termine par une virée sur le fleuve à bord d’un bateau traditionnel. La naviguation est paisible, longeant des palmeraies élégantes, croisant ces bateaux typiques aux yeux de dragons sur la proue, puis d’autres, freles esquifs s’élancant en direction de l’océan pour une sortie de peche, arnachés d’équipements sommaires. Nous arrivons à Kratie sous une pluie fine. La journée fut riche.

Le lendemain, nous restons flaner dans la petite cité, profitant une dernière fois du calme cambodgien avant de partir pour un nouvel inconnu, le Vietnam.

Le Cambodge nous a enchanté. Par la vie simple qu’il nous aura offert. Par l’exceptionnelle beauté de son joyau angkorien. Par la gentillesse extreme de ses habitants. Par le naturel et la simplicité des rapports que nous aurons eu avec eux. Combien de petits sourires attendris avons nous suscités de la part de petits marchands, amusés par ces deux étrangers cherchant visiblement à éviter les adresses touristiques. Oui, le Cambodge nous a charme, et nous garderons pour toujours au fond de nos coeurs la chaleur que son peuple nous aura transmis.

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1 août 2008

Phnom Penh

            Jeudi 15 Mai : nous partons pour Phnom Penh. La route se fait sans encombre. La capitale du Cambodge est grouillante de scooters. Comme les trottoirs n’existent pas, ou sont utilisés à d’autres fins (parking, par exemple), il n’est pas aisé de se faufiler dans toute cette circulation. Chaque déplacement n’en est que plus pénible. Nous pourrions, il est vrai, emprunter les touk-touk, fort nombreux à vous proposer leurs services, mais nous avons pris l’habitude depuis l’Inde a ne recourir à ce moyen de locomotion qu’en cas d’extreme nécessité. En effet, si en Amérique du Sud ces transports pratiquent des prix bas et fixes, l’Asie n’offre pas ce luxe. Dès qu’il y a marqué étranger sur votre peau, les prix peuvent jusqu’à quintupler. Fatigués de négocier, parfois difficilement, à chaque trajet, nous avons définitivement opté pour nos jambes. Cela procure en outre l’avantage de mieux découvrir la ville, meme au prix, parfois, de plus de vingt kilomètres de balade. C’est donc à pied que nous partons pour l’ambassade du Vietnam déposer notre demande de visa. Avec celui du Cambodge (demande et délivrance par mail, trop facile), se sera le plus aisé à obtenir car délivré en vingt-quatre heures.

            Le Musée Tuol Sleng n’étant pas très loin, nous faisons un petit crochet. C’est à ce jour le lieu le plus terrible que nous ayons visité, et la visite la plus éprouvante que nous n’ayons jamais effectué. Ce musée, après avoir été une école, fut le symbole de la folie meurtrière Khmer Rouge. Après la prise de Phnom Penh, le 17 Avril 1975, par les Khmers Rouges, ces derniers transformèrent le petit lycée en prison de haute sécurité (la terrible S-21). La suite en fera le plus grand centre de détention, de torture et d’élimination du pays. Sous la direction de Douch, le bourreau exécutant les volontés de l’Angkar (centre du pouvoir Khmer, regroupant quelques cadres, dont Pol Pot lui-meme), c’est près de vingt mille hommes, femmes, enfants qui furent torturés dans ces lieux, puis assassinés un peu plus loin, au camp d’extermination de Choeung Ek. En trois ans huit mois et vingt et un jours d’exercice du pouvoir, les Khmers Rouges élimineront près de deux millions de leurs compatriotes. Autant dire que la visite de ce lieu révèle l’horreur dans toute sa puissance. La simplicité du lieu, et sa situation dans un quartier tranquille, rajoute à l’ignominie.

Nous ne vous décrirons pas ces anciennes salles de classe aménagées à la va-vite en minuscules cellules de briques ou de bois, ou en salle de torture où trone pour la postérité les photos des quatorze corps mutilés des derniers prisonniers massacrés alors que les Vietnamiens étaient déjà dans Phnom Penh.

Nous ne vous transcrirons pas les sentiments que procurent le cheminement dans certaines salles couvertes de milliers de photos de prisonniers (ils étaient méticuleusement photographiés à leur arrivée) dont de nombreux Khmers Rouges, bourreaux transformés en victimes au cours de purges au sein du mouvement.

Nous ne vous dépeindrons pas ces visages fixant l’objectif, puis ces cranes ayant appartenus à l’un de ces visages.

Nous ne vous détaillerons pas enfin l’étrangeté des sentiments qui nous ont envahi en croisant un des sept seuls survivants du camp, aujourd’hui libre, racontant inlassablement à des groupes de visiteurs les tortures qu’il a enduré, finalement toujours prisionnier, trente ans après, de ces murs et de son histoire, photographié continuellement comme tel.

Les deux visites que nous avons faites étaient trop bouleversante, à vous tirer des larmes de honte d’appartenir à cette espèce, des sanglots de rage à constater qu’une fois encore on nous sert toujours les memes histoires, en omettant d’autres aussi terribles, les relégant du meme coup au rang de quantité négligeable. Cette part de l’Histoire du XX ième siècle doit etre mieux connue, non pas pour que ca ne recommence jamais, nous savons trop bien, et ce qui s’est passé depuis la Shoah nous le démontre, que l’Homme n’apprend jamais de son passé, mais pour en etre simplement le témoin. Que ces visages ne tombent pas définitivement dans l’oubli, ou alors ils seraient morts pour rien, et au Cambodge, un mort que l’on oubli est condamné à errer sans but et sans jamais trouver le repos éternel.

Nous conseillons en revanche de voir « S-21, la machine à tuer Khmer Rouge » de Rithi Pan et de lire « Le Portail » de Francois Bizot.

Le lendemain, Samedi 7 Mai, après avoir récupéré nos visas vietnamiens, et visité un beau marché typique, avec bidoche étalée dans tous les sens, etc..., nous partons pour une longue marche vers le Palais Royal. Nous découvrons ainsi cet autre coté de Phnom Penh. Plus on approche du monument de l’Indépendance (Arc de Triomphe servant de rond point... Ca me dit quelque chose... Mais quoi ?) plus les trottoirs sont larges et dégagés, les avenues séparées d’espaces vert entretenus parsemés ca et la de portraits du Roi, à la mode thailandaise en un peu plus toc, genre décor de théatre. Le Palais Royal et la Pagode d’Argent font face aux rives du Mékong, quartier reposant et agréable où les restaurants fleurissent.

Le Palais Royal nous ravit. La filiation avec le Wat Pra Kheo de Bangkok est évidente. Mais ici, c’est moins surchargé, et l’espace ainsi créé rétablit l’élégance des batiments, la majesté de l’architecture.

La Pagode d’Argent nous éblouit. Non seulement l’esplanade qui l’entoure est superbe, avec ses bassins de lotus ou d’orchidées, ses arbres taillés facon bonzai, ses stupas ou autres monuments funéraires des Rois, ou encore, sur le mur d’enceinte la fresque racontant le Ramayana. La Pagode renferme quant à elle de nombreux trésors. Un nombre impressionnant de Bouddhas y est exposé, certains en or et sertis de diamants (dont un de neuf mille cinq cent quatre vingt quatre diamants), certains en bronze, ou encore un Bouddha d’Emeraude (encore une fois pas en émeraude, celui-la serait en cristal de Bakara). Le sol de la Pagode est couvert de cinq mille dalles d’argent pesant un kilo chacune.

Le soir, nous avons le droit à notre averse de mousson quotidienne. Leur violence peut tranformer les rues de la capitale en vulgaire rivière. Notre resto est à deux pas de l’hotel. C’est le Mama Restaurant, et se sera notre cantine à chaque passage à Phnom Penh.

Le dimanche, au petit déjeuner, nous avons le loisir d’observer ce que nous avions jusque la raté. C’est la valse des moines se promenant avec leurs gamelles que les passants se doivent de remplir. A Phnom Penh, les moines du quartier semblent connaitre les bonnes adresses. Ils se dirigent tous vers les deux memes portes, où des femmes les attendent, l’une offrant le riz, l’autre une barquette au contenu inconnu, une troisième un livre à la couverture brune qui annonce le début d’une sèrie de prière. Tous les moines ne portent pas les memes couleurs, allant du orange fluo au bordeau en passant par l’ocre, ou une série de jaune plus ou moins foncés. Nous ne savons pas s’il s’agit d’une différence dans la hiérarchie, ou de monastère, ou encore d’ordre, ou bien rien de tout cela.

Après etre repassés au Musée Tuol Sleng, nous visitons le Musée National acceuillant de nombreuses sculptures khmers, dont la plupart proviennent d’Angkor. N’étant pas spécialistes, on s’y perd un peu, mais la collection est impressionnante. Une péripétie peu commune est à signaler. Certaines statues de Shiva ou de Bouddha sont entourées d’offrandes (de fleurs principalement) comme si nous nous trouvions dans une pagode ou un temple. Et comme dans ces lieux de cultes, des femmes nous poussent fortement à commettre un don, ce que nous arrivons difficilement à éviter. Ayant été élevés à l’école du musée republicain, où les oeuvres d’art sont dépouillées de leurs oripeaux religieux pour ne conserver que leurs valeurs artistiques, nous sommes un peu déconcertés par le spectacle. Mais comme toujours, bouddhisme et hindouisme par leurs manières si douce et paisibles finissent par nous appaiser et sourire du quiproquo.

Nous finissons la journée par un tour au marché Psar Thmei, chef d’oeuvre art-déco, et surtout bordel organisé tout autour (comme se doit d’etre un vrai marché) contrastant avec l’ordre policé qui règne à l’intérieur. Anarchique est un adjectif qui colle bien aussi à la gare routière attenante au marché, et d’où nous devons partir demain pour Kratie, petite ville située plus au Nord sur le Mékong.

1 août 2008

Les temples d'Angkor

          Les passages de frontieres terrestres sont toujours des moments particuliers. D’abord parceque vous quittez un pays dont vous commencez a maitriser le mode de vie et dans lequel vous avez pris certaines habitudes, pour entrer dans un monde nouveau ou tout sera a refaire. Ensuite parceque ces lieux sont toujours dépourvus de toute chaleure humaine et ou regne une logique insaisissable dont vous semblez les seuls exclus. Poipet, poste frontiere a l’ouest du Cambodge est, a ce jour, la ville frontaliere la plus chaotique que nous ayons rencontré. Coté thailandais, les choses sont bien organisées, comme toujours, avec postes de douanes impeccables, routes récemment enrobées et moto-taxis a votre disposition pour franchir les derniers hectometres avant la sortie du pays. De l’autre cote, c’est l’anarchie la plus totale. Il ne s’agit pas seulement de la compréhensible rudesse du passage d’un pays plutot riche a l’un des plus pauvres de la planete. Avec pour conséquences, coté cambodgien, une infrastructure routiere inexistante, ou se résumant  a une piste de terre rouge totalement inondée, et des bureaux de douanes fichés dans des baraques insalubres. Ce lieu, pourtant le point d’entrée au Cambodge le plus frequenté, est une concentration d'intentions malsaines. Il heberge notament de nombreux casinos pour thailandais frustrés de l’interdiction frappant le commerce des jeux dans leur pays, avec la cohorte d’individus peu frequentables que cela ne manque pas d’attirer. Il est peut-etre et surtout l’unique lieu au Cambodge ou l’on n'a qu’une idee en tete : vous délester au maximum de votre argent... D’abord pour quitter la ville et rejoindre Siem Reap a 150 kilometres de la. Rien ne vous permet d’obtenir la moindre information concernant les taxis collectifs, moyen de locomotion le plus économique. Meme la police vous explique que la gare routière n’exite plus, ce qui n’est évidemment pas vrai. Mais par où aller dans ce chaos total. Vous n’etes contraint qu’à une alternative, ou prendre un taxi privé (plus de 60 us$, une fortune pour le pays) avec les risques réels d’etre dépouillé et abondonné sur la route à mi-chemin, ou prendre un bus privé, venant de Bangkok, payer la course comme si vous faisiez la totalité du trajet, et avec la certitude d’arriver le plus tard possible à Siem Reap et de surcroit dans une Guest house de mèche avec la compagnie, et de devoir ensuite etre malin pour vous dérober au traquenard. Après 6 ou 7 heure de piste difficile, boueuse au possible, et avec un chauffeur visiblement peu pressé (tiens donc !!!) nous arrivons à Siem Reap...directement dans la cour d’une Guest House. Heureusement, ayant fait connaissance pendant le trajet avec Yannick et Fanny, un couple de Suisses eux aussi globe trotteurs, et ,bien sur, anticipe le coup, nous fuyons l’arnaque vers d’autres adresses plus recommandables. Il est 21h30 lorsque nous trouvons un hotel correct.

           Samedi 4 Mai : après un changement d’hotel, nous partons à la decouverte de la ville qui possède a priori peu de charme. Pourtant on ne s’y sent pas si mal. La présence de Yannick et Fanny à nos cotes n’y est certainement pas étrangère. Nous conversons longuement ensemble, tout en visitant le marché, assez typique, avec en prime de magnifiques tetes de cochons qui font saliver Yannick, et en évitant plus loin les inévitables bars et restos à touristes, bien légitimes aux portes de la cité d’Angkor. Nous sommes exactement sur la meme longueure d’onde. Nous avons bien sur en commun le voyage, mais la complicité va bien au delà. Ils ont du détachement, de l’humour à revendre, aiment les bons petits plats, et tentent autant que possible de se fondre dans la population locale. Nous nous retrouvons ainsi le soir à la table d’un petit restaurant du marché, seuls touristes installés, à déguster les spécialités locales au nombre desquels des poissons au curry, du riz sauté, des nouilles de riz savament épicées, des grenouilles (cuisses ou entières) et d’excellent fruit shakes. Avec l’échoppe voisine, ce sera notre cantine.

            Le lendemain, le grand jour est arrivé. D’abord, c’est l’anniversaire de Yannick. Ensuite, nous allons découvrir la cité légendaire d’Angkor, petit point inscrit de longue date sur notre itinéraire. Nous avons choisis un ticket offrant trois jours d’entrée sur le site, et d’effectuer la visite à vélo. C’est le meilleur moyen selon nous pour passer d’un site à l’autre au grés de nos envies et du flux de visiteurs qu’il ne manquera pas d’y avoir. Nos deux suisses se joingnent à nous meme si Fanny était un peu réticente au départ. Que ne ferait on pas pour l’anniversaire de son homme.

            Le premier site qui s’offre à nous en arrivant dans l’immense cité antique est celui d’Angkor Vat. De longer les murs d’enceinte, encerclés d’un immense bassin, en apercevant au loin les trois plus hautes tours du célèbre temple, est déjà un moment exceptionnel. Comme à chaque fois, arrivés devant ces lieux mythiques, il est difficile de se faire à l’idée d’y etre, en chaire et en os. Que ces merveilles tant de fois imaginées, dévorées des yeux au travers du petit écran ou au détour d’un livre, se trouvent cette fois bel et bien devant vous. Vous y etes et rien de votre corps et de votre esprit ne semble enclin à le croire, comme s’ils vous protégeaient contre un mirage, une illusion. Nous ne savons si c'est pour cela, ou en raison de la déjà forte affluence, malgré l’heure matinale, mais en tout état de cause nous choisissons de snober le joyau angkorien et de poursuivre notre route jusqu’à Angkor Thom. Peut etre avons nous tout simplement envie de savourer, de ne pas tout dévorer d’un coup. Nous avons trois jours pour sillonner la cité, prenons notre temps, c’est ce que nous avons de plus précieux.

            Avant  d’aller plus loin dans la description des différents sites que nous allons découvrir, laissez nous vous exposer quelques généralités sur l’histoire d’Angkor, qui vous permettra peut etre de saisir un peu mieux le passé  de ce lieu.

            Angkor fut la capitale de l’ancien Empire Khmer. Les Dieux-Rois qui se sont succédés à sa tete rivalisèrent dans l’édification de sanctuaires de taille, d’envergure et de symétrie inégalées. Angkor Vat n’est-il pas le plus grand édifice religieux du monde ? Ce qu’il reste d’Angkor ne constitue que la partie sacrée de la capitale, seuls les temples ayant ete construits en pierre. Les palais ou habitations en bois ont disparus depuis longtemps. Songez qu’à son apogée Angkor abritait un million de personnes, quand à la meme époque Londres n’en comptait que 50 000 ! La capitale Khmer fut construite entre 802 et 1432, avec des periodes de déclin et de renouveau. L’Empire s’est étendu de la Malaisie, la Birmanie au Laos et au Vietnam.

            Parmis les periodes les plus importantes, nous retiendrons :

-       le soulèvement et la mise á sac d’Angkor par les Chams, du royaume Champa au vietnam. Ils seront chasses 4 ans plus tard.

-       Le règne de Jayavarman VII (1181-1219), le plus grand constructeur. Il batira Angkor Thom, le Bayon, le Ta Prhom, Bateay Kdei, le Preah Khan, et reconstruira de vastes ensembles. Avant lui, la référence sacrée est Shiva ou Vishnou. Il opte quant à lui pour le Bouddhisme. Malgré cela il gardera la caractéristique architecturale angkorienne : temple montagne ceinturé de douves, représentant le mythique mont Meru entouré par les océans, qui fut la résidence de Shiva. Apres sa mort, l’Empire décline. L’Hindouisme redevient religion d’état et fait détruire une grande partie des sculptures bouddhiques ornant les temples.

-       Enfin les pillages en 1351 et 1431 par les Siamois. Ils viennent d’Ayuttahya, cite dont nous vous avons déjà conté l’histoire (lire notre passage en Thailande).

Après notre passage devant les murs d’Angkor Vat, nous nous dirigeons donc vers Angkor Thom. La cite couvre dix kilomètres carrés  et est entourée d’un rempart carre de huit metres de haut pour douze kilometres de long, lui-meme ceinturé par une douve de cent metre de large. Cinq portes monumentales de vingt metres de haut percent les remparts, décorées de trompes d’éléphants a la base et surplombées de quatre gigantesques visages chacun dirigé vers un point cardinal. Au pied de chaque porte, un alignement de statues enormes semblent tirer sur le corps d’un serpent. Il s’agit de cinquante quatre dieux et cinquante quatre demons bataillant, symbole du « barratage de la mer de lait », que l’on retrouve sur les bas-reliefs d’Angkor Vat. Pour entrer dans Angkor Thom nous devons passer entre dieux et demons puis sous la porte gigantesque. Autant vous dire le frisson que vous procure ce moment. L’émoi est a la hauteur de l’édifice. De l’autre coté nous longeons une route dessinée en plein coeur d’une foret touffue. Au centre d’Ankor Thom se trouve le Bayon. Avant d’y arriver, nous croisons quelques singes agglutinés sur les bords de la route. Le Bayon est ce fameux temple montagne comprenant cinquante quatre tours, ornées de deux cent seize visages monumentaux. Où que vous vous trouviez sur le temple, vous etes observés par ces visages bienveillants. La sensation est unique. Nous commencons à nous faire à l’idée que nous déambulons dans ce lieu fantastique. S’il n’est pas le plus grand des temples, le Bayon est certainement le plus mystèrieux. Il semblerait meme que les archéologues n’aient pas encore élucidés la signification complète et exacte de ce lieu. Pendant notre visite, quelques moines bouddhistes déambulent au pied de ces visages ajoutant une atmosphère mystique à cette merveille archéologique. Nous sommes tiraillés entre excitation (malgré la chaleur) et reccueillement. Quel cadeau pour Yannick que d’etre là le jour de son anniversaire.

            Un peu plus loin, nous parcourons les ruines du Baphuon. Il ne reste pas grand chose de ce qui devait etre l’un des plus beau temple d’Angkor, en témoigne la majestueuse chaussée surélévée de deux cent mètres de long qui mène à la structure principale. Le temple fut démonté en vue de sa restauration quelques années avant la guerre civile, chaque morceau numéroté et répertorié. Seulement les Khmers Rouge, n’étant pas à un forfait près, détruisirent tous les registres, laissant les archéologues à venir devant le plus grand puzzle du monde. Nous nous arretons ensuite sur le chemin pour manger à la table d’une petite gargotte. Nous ne cessons de discuter avec Yannick et Fanny. Leur compagnie est un vrai cadeau.

            En quittant le petit resto, nous longeons la terrasse aux éléphants, longue de près de quatre cent mètres, qui servait de tribune géante pour les cérémonies publiques. C’était une sorte de grande salle d’audience. Les cinq avancées vers la place centrale sont ornées de Garuda (dragon à tete d’aigle), de lions grandeur nature ainsi que d’une époustouflante parade des éléphants. Dans le prolongement, nous nous arretons auprès de la terrasse du Roi Lépreux. Sur cinq niveaux coté extérieur, et quatre à l’intérieur, en longeant un petit couloir à ciel ouvert, sont sculptés de magnifiques Apsaras assises, de Roi au diadème pointu accompagnés de leur cour, ou encore de Nagas. Ce sont des centaines de visages qui vous font face, certains dans un état de conservation exceptionnel. Au cours de notre inspection, un petit orage éclate. Par la suite, chaque fois que nous passerons à proximité de cette terrasse, nous aurons droit à la pluie. Aurions-nous offensés un dieu, ou bien cherche-t-il à protéger un secret que nous serions susceptibles de découvrir ? Toujours est-il que le phénomène nous surprendra. Cette immense esplanade restera dans notre souvenir un lieu d’une extreme élégance, bien qu’humide !

            Nous nous élancons ensuite pour quelques kilomètres de vélo jusqu’au Preah Khan, temple le plus au Nord de notre visite d’aujourd’hui. Meme si nos vélos ne sont pas particulièrement en bon état, et malgré les bruits inquiétants qui s’en dégagent parfois, nous savourons à l’extreme la sensation de liberté qu’ils nous procurent. Plus on s’éloigne et plus nous semblons seuls au milieu d’une végétation assez dense, en route pour découvrir de nouvelles merveilles. Le Preah Khan est notre premier apercu de temple envahit de végétation où quelques arbres dégoulinent des ruines. Pour ce jour, de l’avis général, c’est le plus beau site que l’on ait vu. C’est un dédale de couloirs voutés, de sculptures superbes (dont des Apsaras magnifiques) et de pierres couvertes de lichen. Le monument est très bien conservé. Toutefois certaines parties éboulées nous permettent de « découvrir » quelques aires cachées, moins accessibles, que nous « empruntons » pour savourer la sensation d’etre seuls au milieu de ces ruines. Vers le fond, le site est plus abimé par la jungle et quelques arbres immenses jouent les équilibristes sur les ruines. Ce symbole de l’Angkor que nous connaissons aujourd’hui complète à merveille la majesté des ruines. Entre les longues racines courant lascivement le long des murs couverts de mousse verdatre, apparait parfois une Apsara, sculpture raffinée, ou les détails d’un portique finement ouvragé. Il en dégage une force élégante et brutale à la fois, comme si la nature avait voulut parfaire le travail de l’Homme, quitte à le détruire. Il en émane comme une poésie minérale et végétale.

           Au fond de l’ensemble architectural, une curiosité. Un peu à l’écart, sur la gauche, s’élève devant vos yeux incrédules une structure à deux étages de style grec, avec ses colonnes, son chapiteau, sa structure rectangulaire. D’où vient cette emprunt à l’architecture Hellénique, plus de mille ans après le déclin de cette civilisation et à l’autre bout du monde ? Les chercheurs n’ont semble-t-il pas encore trouvé sa fonction. Nous terminons cette journée par l’ascencion, c’est le mot juste, du Phnom Bakheng, après etre revenu sur nos pas et retraversés Angkor Thom. Temple montagne construit au sommet d’une petite colline, son escalade n’est pas des plus simple. Les escaliers pour monter les cinq étages du temple sont énormes et d’une inclinaison terrifiante. Les marches des temples mexicains sont des escalators en comparaison. Arrivé au sommet, la pluie se met à tomber. Nous nous abritons quelque temps, un peu plus bas, auprès d’une empreinte de Bouddha, puis nous decidons de rentrer. Le retour au frais est appréciable après l’atmosphère étouffante de l’après-midi, accentuée par plus de quarante kilomètres de vélo et un bon nombre d’autres à pied. Le soir, nous continuons à prendre plaisir à papotter avec Yannick et Fanny. A défaut de gateau, il soufflera ses bougies sur une barre Mars.

            Mardi 6 Mai : deuxième jour au coeur d’Angkor. Nous empruntons le grand circuit à l’envers et rejoignons rapidement le Prasat Kraven. Ce temple, un peu à l’écart, est un des plus anciens (X ième siècle). Des bas-reliefs, à l’intérieur des tours, sont directement ciselés dans la brique. Ils représentent Vishnou faisant ses trois pas pour conquérir l’univers. Les chauves-souris qui habitent le temple y laissent une si forte odeur que la visite est forcément courte.

            Nous passons ensuite par le Banteay Kdei. Les portes monumentales qui en percent l’enceinte sont ornées de Garudas qui arborent les quatres visages favoris de Jayavarman VII. En face, se trouve le Sra Srang, ou bassin aux abllutions qui mesure huit cent mètres sur quatre cent. A cet endroit, nous sommes accostés par quelques marchands qui courent au devant de nous. Cela se produit d’ailleurs devant chaque temple. Mais ce matin, ils sont particulièrement insistants et jouent à fond leur ritournelle habituelle. D’abord « Where do you come from ? – France. – Aaah France, capital Paris » suivit de « Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix », encore suivit parfois de « Ein, zwei, drei, etc... », puis encore pour les plus embrouillés « Un, dos, tres, etc.. ». Et ca finit par « If you don’t buy me, you make me cry ». Il faut pourtant etre patient et compréhensif. Ces gens sont la plupart du temps des habitants des villages environnants, donc descendant directement des batisseurs d’Angkor. Ils sont surtout très pauvres, et ne constituent pas, comme en Egypte par exemple, une petite mafia très organisée controlant les accés touristiques. Seulement, c’est comme partout, quand ils insistent un peu trop, ca finit par gonfler quand meme. Toutefois, la technique du « May be tomorrow » avec un sourire, utilisée par Yannick, est plutot efficace.

            Ensuite, nous rejoignons le Ta Prohm. Ce temple est indescriptible. Tout y est plus grand, plus beau, plus surdimenssionné qu’ailleurs. Les sculptures d’Apsara sont plus élégantes et plus nombreuses. Les bas-relief, plus difficile à dénicher sous les éboulements. Ces derniers justement sont énormes, et pourtant il reste de très nombreux couloirs et batiments debout. Les arbres recouvrant les ruines sont plus gigantesques, plus nombreux, plus élégants et plus inventifs qu’ailleurs pour laisser apparaitre sculptures et gravures dans l’enchevetrement de leurs racines. Enfin, il recceuille le lieu où fut prise la photo la plus connue d’arbre recouvrant les ruines d’Angkor. On s’amusera d’ailleurs pas mal à cet endroit. Un groupe de Japonais ne se souciant guère du fait que nous prenions le site en photo, s’installe pour leur séance de poses ridicules dont ils raffolent. Pierre-Louis s’installe à deux pas d’eux et mime une scène où il se fait avaler par l’arbre, Gozilla végétal. Le groupe ne bronche que lorsqu’il pose à leur coté comme s'il faisait parti du tour organisé, la casquette en moins !

            Plus loin, on profitera d’une cour plus difficle d’accès pour se poser tout les quatre et continuer nos discutions sur le monde.

            Nous déjeunons devant le Ta Keo, que nous escaladons pour le dessert. Ce sera les marches les plus raides que nous arpenterons. La descente est vraiment périlleuse.

            En fin de journée, nous nous abritons à la sortie d’Angkor Thom, car un violent orage vient d’éclater. Une véritable pluie de Mousson, devastatrice. Corps et vélos à l’abris sous la bache d’une échoppe, nous observons ébahit le déchainement de la nature jusqu’à ce que l’eau finisse par envahir notre oasis et emporter nos vélos. Le tout remis en ordre, il ne nous reste qu’à attendre la fin du déluge. Seulement, celui-ci ne semble pas disposé à s’arreter. Une légère accalmie nous pousse à reprendre la route. La pluie continuera jusqu’à notre arrivée à Siem Reap. Mais ces dix kilomètres sous l’orage, sur les petites routes boueuses du Cambodge, à croiser parfois de véritable pelotons cyclistes, principalement des écoliers en uniformes blanc et bleu, seront un vrai délice. L’après-midi a été à nouveau étouffant et nos quarante kilomètres quotidiens à vélo pèsent. L’averse nous rafraichit et rend plus léger l’effort du retour.

            Le lendemain, dernier jour de visite.

            Nous commencons par Angkor Vat de bon matin. Les avis dans notre groupe sont partagés. Certes, ce n’est pas le plus beau des sites, ni peut-etre le plus impressionnant à nos yeux. Pas de végétation à l’assaut de la forteresse. C’est pourtant un travail architectural magistral, avec des bas-relief de la plus grande finesse. Ces derniers, ornant l’ensemble du mur d’enceinte du temple, sont les plus énormes que l’on ait vu. A l’intérieur, chaque colonne est sculptée d’une incroyable broderie. En revanche, peu de Bouddhas de pierre restent dans ce temple qui en a abrité plus de mille.

            Ce temple n’a jamais été laissé à l’abandon. Il fut probablement construit comme édifice funéraire de Suryavarman II (1112-1152), en l’honneur de Vishnou. Mais sa fonction était avant tout de servir de temple. Il est d’ailleurs orienté vers l’Ouest, ce qui a une double signification : la mort (les bas-relief sont de plus élaborés dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, ancien rite funéraire hindou) et le fait que Vishnou est associé à l’Ouest.

            Angkor Vat est célèbre pour ses Apsaras. Il en possède plus de trois mille qui portent plus de trente modèles de coiffure différente. Il possède aussi des gravures de Naga à sept tetes qui symbolisent l’arc-en-ciel, pont symbolique entre les Hommes et la demeure des Dieux.

            L’une des choses les plus impressionnantes reste l’allée de quatre cent soixante quinze mètres, large de neuf mètres cinquante, bordée d’une balustrade en forme de Naga, menant au temple. Nous marchons un moment dans les jardins de ce joyau de l’art religieux.

            Ensuite, plutot que de chercher à visiter de nouveaux temples, nous repartons vers ceux qui nous ont le plus marqués. Nous revisitons ainsi le Bayon et Preah Khan. On commence à souffrir sur les vélos. La chaleur est toujours écrasante et les kilomètres s’accumulent. Après déjeuner, nous nous dirigeons vers le Neak Pean. Nous croisons très peu de monde sur la route. C’est agréable. Ce site est petit mais remarquable par ses quatres bassins entourant un cinquième de taille impressionnante, orné d’une statue de cheval à jambes humaines.

            Nous finissons la boucle avec le Ta Som. Peut-etre le plus « mignon » des temples. Plus petit et plus abimé, il recèle une dose de romantisme plus forte qu’ailleurs. Au fond, un arbre aux mille racines chevauche une porte qui visiblement commence à souffrir de porter ce fardeau. Encore une photo très connue d’Angkor.

            A la fin de la boucle, on se sépare. Yannick et Fanny rentrent, nous deux voulons voir une dernière fois Ta Prohm et Angkor Vat. Un nuage gachera le coucher de soleil sur ce dernier. Ce sera pour une prochaine fois. Le retour commence à etre dur pour Mélanie, qui se fait régulièrement aider par les poussettes de Pierre-Louis. A l’arrivée, Mélanie ne peut meme plus parler.

            

            Jeudi 8 Mai. Nous nous remettons doucement de nos émotions par une grasse mat’. Le reste de la journée est consacré au farniente. Nous fetons sobrement la séparation d’avec Yannick et Fanny. Ils partent demain. Mais nous nous quittons comme si nous nous disions à demain, tellement nous sommes certain de nous revoir bientot. Nous pensons bien qu’une amitié est née.

            Jusqu’au Mercredi 14, nous restons à Siem Reap. Nous avons pas mal de travail pour le blog qui a pris du retard, et nous ne nous decidons pas à quitter ce coin. C’est fait le jeudi 15 Mai. Départ pour Phnom Penh.

30 juillet 2008

Phang Nga et retour sur Bangkok.

         Pour rejoindre Phang Nga nous devons traverser en bus l’ile de Phuket. En deux heures nous sommes a destination. Retour sur le continent donc, mais a quelques encablures seulement de la mer d’Andaman. La ville, agglomerat de maison le long de la grande route reliant le Sud de la Thailande a sa partie continentale, n’a pas d’interet en elle-meme. La raison de notre escale ici ce trouve a quelques kilometres de la: la Baie de Phang Nga et sa multitude d’ilots de roche karstique, couverts de vegetation, qui en fait une “petite baie d’Halong”. Il etait ecrit que notre sejour thailandais serait marque du sceau du septieme art, c’est encore le cas ici. Un des pitons calcaire de la baie est en effet connu sous le nom d’“ile de James Bond”. Cette ile servit en fait de décor naturel a “L’Homme au pistolet d’Or”, un des volet de la saga, et n’abritait rien de moins que la base secrete du milliardaire Scaramanga. Autant dire que, pour Melanie, y poser pied est presque un aboutissement.

         A peine sorti du bus, un homme nous aborde presque nonchalamment, afin de nous remettre plan de la ville et infos sur ce qu’il y aurait a y voir et a y faire, c’est a dire Presque rien. Comme nous l’avions lu dans notre guide, la ville ne possede qu’une demi-douzaine d’hotels, et celui que nous y avons coche nous est egalement conseille par notre homme. A y regarder de plus pres, le petit monsieur ne nous est pas tout a fait inconnu. Il s’agit de Monsieur Kean, proprietaire de l’une des trois agences de la ville (toutes trois d’ailleurs autour de la minuscule gare routiere) que notre guide precedemment cite avait qualifie de personnage incontournable du coin, fort sympathique au demeurant. Il est habile, ne doutant pas une seconde que l’on fasse appel a ses services pour l’excursion dans la baie. Les prix sont raisonnables, l’homme attachant, nous ferons donc affaire avec lui. L’hotel, le Phang Nga Guesthouse, est confortable. Nous mangeons en face, a la table d’une petite gargotte, de bon petits plats thailandais, cadre et cuisine familial. Le soir, nous remarquons que, devant le Seven Eleven, un attroupement s’est constitue autour d’une marchande ambulante. Elle realise sous vos yeux d’enormes pancakes, telle une crepiere nomade. De nombreux scooters s’y arretent, l’echoppe semblant etre l’unique raison de leur sortie nocturne, repartant quelques minutes plus tard d’ou ils etaient venus, quelques pancakes sous le bras. La notoriete dont elle semble beneficier pique notre curiosite et, si ce n’est la gourmandise, nous decidons de passer commande. Les deux pancakes banane-chocolat, nappes d’une sorte de lait concentre artisanal, sont a se damner! Les crepes banane-chocolat de “L’Oceane” a Morlaix, pourtant excellement preparees par Seb ne sauront, a coup sur, plus jamais egaler ce bonheur gourmet, certes decuple par cette pincee d’exotisme irremplacable. Par avance, pardon! Au cours des trois soirees que nous passerons dans cette paisible cite, une complicite naitra de ces rencontres gourmandes entre nous deux, seuls clients etrangers de l’echoppe, et la “crepiere”, aucun ne comprenant par ailleurs la langue de l’autre.

         Le dimanche 27 Avril, nous partons de bon matin pour l’excursion tant attendue. Un vieux pick-up local vient nous chercher a notre hotel. Un jeune couple d’ Anglais sera du voyage. Nous embarquons, un peu plus bas, dans un long tail boat des plus traditionnel, propulse a l’aide d’une helice installee au bout de cette interminable tige de metale, donnant au passage son nom a l’embarcation. Le debut de la sortie est fantastique autant qu’inattendue. Pour rejoindre

la baie

, nous devons traverser une mangrove fascinante. Pendant plus d’une heure nous serpentons entre minuscules boyaux de riviere et larges bras de mer, frolant cette foret dense de paletuviers, arbre extravagant s’il en est, son tronc se demultipliant a un metre de l’eau, telle une main aux inombrables doigts plongeant dans une riviere croupissante et sombre. Cet enchevetrement ne permet a l’oeil de s’enfoncer que de quelques metres dans l’obscurite entremelee de la foret. L’imagination, stimulee par ce mystere vegetal, nous pousse a tenter d’apercevoir quelque animal fabuleux, tapit quelque part, la, pret a surgir ou a deguerpir a notre approche. En vain! C’est tout juste si nous apercevrons quelques varans, confiants en leur precaire camouflage.

         Quelques ilots rocheux commencent a apparaitre au milieu de cette mangrove. Certains forment des tunnels ou arches suffisamment hauts pour permettre le passage de notre embarcation. La mangrove finit par s’ouvrir plus largement et nous sommes soudainement propulses en mer. Nous longeons alors de somptueux pains de sucre, elegantes tours de roches calcaires recouvertes d’une vegetation luxuriante, faisant preuve d’ingenuosite pour s’accrocher aux parois parfois abruptes de l’edifice mineral. Nous passons devant un village musulman flottant, avec sa Mosquee au dome dore, accroche a un piton rocheux. La visite est prevu pour le retour. Les pains de sucre sont dissemines dans

la baie

, parfois eloignes les uns des autres, offrant un paysage unique. De loin on pourrait se croire au depart d’une regate mythique comme le Figaro ou la Route du Rhum, quand les immenses voiliers, encore visibles du continent, sont suffisamment proches les uns des autres, luttant toutes voiles dehors pour la pole-position. Sauf qu’ici, plus on s’approche, plus devient flagrante l’immobilite seculaire des ces autres geants des mers, plus la voilure imaginee fait place au linceul vegetal, et, plus pres encore, a la nature minerale, rocheuse, massive des blocs karstiques. Les ilots prennent alors diverses formes. Certains s’obstinent a ressembler a un navire a la mature immense, les voiles gonflees par le zef. D’autres, plus arrondis, paraissent, qui un animal aux aguets, qui le sein d’une deesse maritime assoupie au fond des eaux, qui un ilot deja apercu quelque part dans une baie bretonne, ile Louet du bout du monde. A l’approche d’un groupement d’ilots, nous reconnaissons immediatement le plus celebre d’entre eux. Quelques minutes apres, nous accostons l’ile de Khao Ping Kan, autrement appelee “Ile de James Bond”. Et on comprend immediatement pourquoi elle fut choisies parmis tant d’autres: son elegance. Petite mais dotee d’une fine bande de sable, son contour tourmente lui confere de surcroit une diversite d’aspects des plus photogeniques. Elle abrite aujourd’hui quelques boutiques de souvenirs agglutinees sur la minuscule plage, qui, si elles encombrent un peu la vue, ne genent pas outre-mesure. Nous nous adonnons a quelques prises de vues comme tout le monde, a l’exception d’une chose, etonnante au demeurant : seule Melanie ose la pose 007. Les autres se contentent des habituels effets d’optiques donnant l’impression de toucher le sommet du piton rocheux de son doigt ou de le tenir dans le creux de sa main. James Bond doit avoir pris un coup de vieux pour le public thailandais, visiteur majoritaire de la baie.

         L’arret au village flottant est un peu ennuyeux. La partie visitable du village n’est que restos et boutiques de souvenirs. L’autre moitie, habitee, n’invite pas a la visite. Vous aimeriez vous que des Thailandais en short arpentent vos jardins et terrasses, hasardant quelques regards a travers les vitres de votre cuisine pour voir comment vous vivez? Je vous vois deja les explusants manu militari vociferant au respect de votre sacro-sainte “propriete privee”.

         En retraversant la mangrove (quel bonheur!), nous ralentissons a hauteur d’une anfractuosite de la roche au pied d’un ilot (Khao Kien), ou nous avons tous loisirs d’admirer quelques peintures rupestres, signe que ces contrees sont habitees depuis belle lurette.

         Nous debarquons trois heures plus tard, enchantes de tant de merveilles, ravis de s’en etre approche, conscients du privilege qui nous a ete donne de vivre de tels moments.

         Le lendemain, nous devons attendre le bus de nuit qui nous ramenera vers

Bangkok

. Nous decidons de nous rendre a une des nombreuses grottes qui entourent la ville, certaines amenagees en lieu de culte. Nous cherchons pendant longtemps la “

Tapan

Cave

”, tellement le plan de Monsieur Kean s’avere approximatif. Enfin a destination, nous sommes interloques par le spectacle qui s’offre a nous. Cette grotte est sensee reproduire l’Enfer et le Paradis. Pour la partie Enfer, le pied de la grotte est affublee de statues naives particulierement atroces. D’abord, elles sont moches, genre oeuvre scolaire pour fete des Peres ou des Meres (cendrier ou porte-savon en papier mache, peint a la truelle de couleurs vives que personne n’avait jusqu’alors eut l’idee d’associer...). En plus, elles illustrent des scenes infernales de torture, empalement, ecartelement, etc... En fin de compte, c’est assez reussi parce que ca finit par vous foutre franchement les ch’tons ces conneries!!! Nous accedons au “Paradis” en entrant dans la grotte et en s’y enfoncant jusqu’a une statue de Bouddha. La grotte est belle, peu eclairee (nous sommes a deux doigts de marcher sur un chien couche dans le noir!), ce qui lui confere une atmosphere paisible (pas l’histoire du chien, mais son cote peu eclaire!!!). N’empeche que si c’est le Paradis, faite attention, ca pue sacrement la chauve-souris la-dedans! A l’exterieur, un immense dragon permet d’acceder directement au Paradis sans passer par la case Enfer. Il faut toutefois s’engouffrer par la gueule de celui-ci et suivre quelques dizaines de metres le chemin gutural.

         Un peu plus loin, le parc attenant a la grotte abrite un monastere ou vivent en harmonie quelques moines et une ribambelle de singes, coqs et poules.

         Nous devons aussi prendre du temps pour ecrire le blog cet apres-midi dans le parc, mais la forme et l’humeur ne sont pas geniales pour nous deux aujourd’hui. Plus Enfer que Paradis. Nous reussissons tant bien que mal a coucher quelques mots sur papier entre une balade dans une aire de jeux pour enfants deserte et une excursion dans une plantation d’heveas. Aucun arbre ne semble plus alimenter en caoutchouc les recipients accroches a l’extremite de l’entaille qui ne manque pourtant pas d’apparaitre sur chacun d’entre eux. C’est en revanche le repere de farouches moustiques empaleurs qui fetent notre presence avec un peu trop de zele a notre gout. Il y a des jours ou l’Enfer ne semble pas vouloir vous abandonner.

         Apres deux derniers pancakes (le Paradis, enfin!), nous prenons notre bus vers 22h, en route pour une nuit dans l’”Enfer” climatise des cars thailandais.

         Mardi 29 Avril, retour a

Bangkok

. Une nouvelle fois le taxi, qui nous transporte de la gare routiere a l’appartement de

Pierre

et Marcel ne cherche pas specialement le chemin le plus court. Mais, cartes en main, nous sommes vigilants et lui proposons de peaufiner un peu la connaissance de sa ville en lui indiquant le bon chemin. Comme d’habitude, a ce moment-la, il en perd subitement son anglais et fait mine de ne plus rien comprendre. N’empeche, par on ne sait quel miracle, la route qu’il suit reprend tout a coup un itineraire bien plus direct.

         C’est un vrai bonheur de retrouver

Pierre

et Marcel. C’est un peu comme si on retrouvait de vieux amis. Ayant perdu leur femme de menage, Melanie, a qui cela visiblement manquait, reprend du service. Elle en parait ravie...

Pierre

et Marcel aussi. Le soir nous apprecions une soiree tele: spectacle de Gad Elmaleh et film “Camping” sont au programme.

         Les jours suivants sont reserves a l’ecriture du blog, le classement et l’envoi des photos (interminable!). Nous prenons le temps aussi de se raconter mutuellement nos voyages avec Pierre et Marcel, le premier revenant de Bali (ile vraiment extraordinaire) et le second ayant roule sa bosse, comme on dit, dans toute l’Asie du Sud, et notamment Cambodge et Vietnam, nos prochaines destinations.

         Nous parvenons ensuite a acceder enfin a la terrasse d’un des deux Skybar de la ville (la premiere fois, nous nous etions vu refuser l’entree a cause de nos sandales, Melanie s’etant pourtant paree d’une de ses belles tenues indiennes). Comme son nom l’indique, ce bar est situe sur le toit d’un gratte-ciel. Et c’est un beau cadeau de depart que

Pierre

nous offre la. A plus de soixante etages du sol grouillant de

Bangkok

, nous beneficions d’un point de vue epoustouflant sur la ville qui, de nuit, est tout a fait envoutante.

Pierre

nous assure qu’on est chanceux car ce soir la visibilite est excellente et les lumieres de la ville se laissent observer a perte de vue. Nous degustons nos vodkas, adosses a la rembarde, a un petit pas du vide, se delectant longuement du spectacle.

         Vendredi 2 Mai: dernier jour a

Bangkok

. Le soir nous dinons tout les deux au Lumpini Bazaar, comme nous l’avions fait lors de notre premiere soiree thailandaise.

Pierre

et Marcel doivent nous rejoindre un peu plus tard. Mais a 22h nous recevons un SMS nous annoncant que Pierre, a la faveur d’une averse, a chute en scooter. Nous rentrons precipitemment a l’appart’ prendre des nouvelles. Plus de peur que de mal puisqu’apres avoir glisse sur plusieurs dizaines de metres, son scooter s’est encastre dans une voiture arretee a un feu,

Pierre

ne passant heureusement qu’a cote. Seule sa hanche est douloureuse. Le scooter, quant a lui, est bien amoche.

Pierre

venait d’y coller un auto-collant de Ganesh que nous lui avions offert, cense proteger les vehicules sur la route. C’est rate! Il l’a tout de suite arrache bien entendu, et il a bien fait. Peut-etre cela ne marche-t-il qu’en Inde!

         Nous arrosons toutefois nos derniers moments avec nos deux comperes au cours d’une bien agreable soiree.

         Samedi matin, nous partons pour le Cambodge. Mais avant cela, nous devons rejoindre la gare routiere de Bangkok Moh Chit. Et ce n’est pas une mince affaire. Taxi, plus metro, plus

marche

a pied interminable sous une chaleur a crever. Nous nous sommes en effet un peu perdu, moitie a cause du plan a l’echelle incertaine, moitie en voulant couper par un parc, raccourci qui devait nous mener presque devant la gare (elle est en fait trois bons kilometres plus loin). Le transfert en bus jusqu’a Aranya Phratet est interminable. Le bus s’arretera tout le temps pour ceci ou pour cela. Nous prenons ensuite un touk-touk jusqu’a la frontiere, puis devons finir a pied. De l’autre cote nous apercevons le drapeau bleu et rouge du Cambodge.

27 juin 2008

Koh Phi Phi,ile de reve!

          Avec Phuket et Koh Samui, Koh Phi Phi est la destination touristique de Thailande. Pour vous donner une idée, c’est la que Danny Boyle a tourne “La Plage”. Autant dire qu’habituellement nous evitons plutot ce genre d’endroit. Seulement, a

Bangkok

,

Pierre

nous a convaincu qu’il s’agissait d’un paradis. Comme nous n’avons toujours pas recuperes nerveusement de l’Inde, et que la-bas nous nous etions promis de nous offrir en Thailande quelques jours de repos absolu sur une plage de reve, cet endroit nous attire particulierement. Et puis, la Thailande nous renvois sans arret le theme du cinema (“Le Pont de la riviere Kwai”, “La Plage”, plus tard James Bond…) alors autant se laisser entrainer, pour le plus grand plaisir de Melanie.

          Justement, pour elle, ce matin du dimanche 20 Avril, ce n’est pas franchement de plaisir dont il s’agit. Son oreille lui a fait passer une tres courte nuit, et ce matin c’est la tete des mauvais jours. Il est 6h du matin quand nous arrivons a Phuket, le jour se leve a peine. Arrives au port en avance, les guichets des companies de bateau ne sont pas encore ouverts, et le restaurant glauque, ouvert aux quatres vents, ne l’est qu’a moitie. L’etablissement est bien ouvert mais le personnel, pas bien reveille, s’ingenie a eviter la table ou nous sommes installes.

          Une fois les guichets ouverts, nous ne pouvons constater qu’une chose: basse saison ne semble pas vouloir dire grand chose aux armateurs, qui ont doubles les prix de la traverse en un an (en fait, ils font comme Total, ou autre companie petroliere, ils profitent de la hausse du prix du petrole pour augmenter egalement leurs benefices!). Apres une longue et difficile negociation, Pierre-Louis reussit a negocier un prix un peu plus raisonnable (400 Baths l’aller-retour au lieu de 600). La traversee est fort agreable, avec un superbe soleil qui n’est pas encore trop fort a cette heure matinale (8h30, ce qui n’empeche pas de nombreux touristes de boire de la biere).

          Koh Phi Phi est en fait compose de deux iles, l’ile principale, habitee, et, juste en face, une seconde ile inhabitee, Koh Phi Phi Leh, ou le fameux film a ete tourne. Nous passons devant celle-ci en bateau. Elle n’est que pitons rocheux tombant vertigineusement dans une mer turquoise, recouverts d’une vegetation accrobatiquement accrochee a leurs flans, et s’ouvrant parfois sur quelques baies de sable fin dont la plus grande est devenue celebre.

          Nous debarquons quelques minutes plus tard sur l’ile principale. Le debarquadere se trouve sur la plage qui forme la barre centrale de cette ile en forme de H. Pierre nous avait donne des instructions afin de rejoindre l’hotel qui l’avait heberge. Nous partons ainsi pour une grosse demie-heure de marche a la recherche de notre gite. Il fait une chaleur etouffante: le chemin empreinte des plages, des criques et des sous-bois. Apres plus de trente minutes de marche, toujours pas de “Viking Resort”. Melanie, fievreuse, est au bout du rouleau. Pierre-Louis va donc continuer seul les recherches. Il trouve le resort deux criques plus loin mais, l’hotelier rechignant a negocier les prix, il part sur Long Beach, la plage suivante remplie d’hotel pour comparer. Cette plage, immense, est un vrai décor de carte postale: sable blanc, cocotier, mer turquoise… et restaurants et bungalows sur tout le front de mer. Retour finalement au “Viking Resort” qui a l’avantage d’etre situe seul dans une crique ravissante, et dont les bungalows, un peu plus haut dans les bois, sont joliment decores et confortables. Pierre-Louis retrouve Melanie pres d’une heure après l’avoir laissee. Affaiblit par la fievre, elle est en panique et au bord de l’effondrement.

          Nous mangeons puis Melanie se couche. Pierre-Louis prend quand a lui son premier bain en mer d’Andaman, seul dans l’eau de cet endroit de reve excentre, mais couvert de corail a mare basse. Quand soudain: “Aie!” Il est de retour sur la plage, rageant contre ces #*!@#? de corails qui lui ont chippe un peu de gras du pied.

          Melanie ne va pas mieux, si ce n’est la fievre qui est un peu tombee. Son oreille en revanche lui fait toujours tres mal, et cela semble se propager a l’autre oreille. Nous partons donc pour plus d’une demie-heure de marche, retour au village afin de trouver une pharmacie ou un medecin. Diagnostique: une otite! Donc repos et gouttes dans les oreilles.

          Le lendemain, lever aux aurores pour profiter de la plage ou nous sommes seuls. Le bain est fabuleux, meme si Melanie se mefie un peu des petits poissons rayes qui s’amusent a passer entre nos jambes.

          Pour le dejeuner, nous nous arretons au village, dans un bateau pose au pied d’une petite colline a plus de cent metres de la mer. Original. Le plus extravagant est que de nombreuses familles s’y sont refugiees lors du Tsunami, ce qui le fait appeler parfois aujourd’hui l’Arche de Noe. Le Tsunami a ete terrible ici puisqu’il a rase une grosse partie du village, la vague ayant impitoyablement traverse ce trait d’union que forme les deux plages se tournant le dos, au centre du H que forme l’ile. Des traces de ce jour funeste sont encore visibles dans cette partie de l’ile (plus du cote des habitations d’autochtones que des hotels bien sur). Le restaurant est bien, bonne cuisine, excellents coconut ou watermelon shakes, et les prix eleves pour la Thailande mais raisonnables pour Koh Phi Phi. Cela sera d’ailleurs un vrai casse-tete de se restaurer pendant notre sejour, les prix etant totalement hallucinants. Nous arriverons toutefois a denicher quelques petites adresses discretes et bon marche, plus dirigees vers une clientele locale, et meme une alimentation bordelique mais aux justes prix pour acheter nos fruits, legumes et autre ingredients de pique-nique.

          L’apres-midi, c’est a nouveau baignade. Puis le soir, nous nous offrons un whisky local (pas tres bon) pour feter nos vacances et la naissance d’Evan.

Mardi 22 Avril: le bain du matin devrait etre une tradition dans ces paradis terrestres. Ce matin, nous y sommes un peu plus tard et donc moins seuls. Enfin, la frequentation de la plage ne depassera pas les sept ou huit personnes de tout notre sejour.

          Pour le dejeuner, excursion quotidienne au village. Notre petit marchand de poulet repere hier est ferme, nous retournons donc au restau “The Rock” (le bateau pas sur l’eau!). Avant de retourner a notre crique, nous nous procurons de quoi faire de delicieux sandwichs pour le soir. C’est la meilleure alternative que l’on ait trouve afin de manger a bon marche et en quantite suffisante. Ces repas du soir deviendront, comme les petits dejeuners, de veritables ceremonies, l’un et l’autre les preparant selon les ingredients trouves au marche et aupres de petits marchands de grillades (dont un poulet au miel et herbes, fantastique). Nous avons meme trouve un dessert a l’une des boulangeries de l’ile: des donuts a la fraise ou a la framboise (selon ce que nous laisse un couple gras qui n’hesite pas a s’en enfiler jusqu’a dix, sans en laisser pour les autres evidemment!). Avec le petit apero whisky du soir (juste un verre), cela donnera a notre sejour de vrais airs de vacances.

          Au cours de notre baignade de l’apres-midi, nous entonnerons “Les Bobos” et “Societe, tu m’auras pas” en exagerant l’accent de Renaud, chansons que nous dedions aux commercants de l’ile qui se foutent vraiment de la gueule du monde en terme de prix (cigarettes triples et, accrochez-vous bien, le steak frite a 450 Baths, soit 10 euros quand en Thailande on peut manger pour un euro!) et des touristes qui se laissent faire avec le sourire. En chantant, nous avons une grosse pensee pour Laurent, un ami Morlaisien, qui aurait apprecie le moment.

          Mercredi 23 Avril, rien de particulier. La journee est rythmee par les baignades, l’aller-retour au village et le farniente sur la plage en savourant de succulents litchis. Ah si! Une jeune anglaise s’est fait piquer le pied par une sorte d’oursin geant, mais sans trop de gravite.

         

          Jeudi 24 Avril: ce matin il pleut. Nous restons donc flemmarder un peu au lit. Le midi, nous trouvons une petite boutique-couloir, enserree entre deux batiments neufs au centre du village, ou une petite bonne femme energique propose aux passants ses Pad Thai et rouleaux de printemps frits, les interpellant par de comique “Youhou!”. Le personage nous plait aussitot dans cette jungle de boutique aceptisee. Sa nourriture est bonne, les prix corrects, et ca fait plaisir de soutenir les efforts qu’elle ne doit pas manquer de multiplier pour ne pas se faire bouffer par quelques promoteurs et investisseurs interesses.

          L’apres-midi, nous montons sur la colline qui s’eleve au centre de notre cote de l’ile. Nous irons jusqu’au premier point de vue. Tout le decors qui s’etend a nos pieds est epoustouflant. L’ile, vu d’en haut, est un ecrin de verdure au milieu d’un ocean bleu profond: la vue est imprenable (je n’ai jamais compris cette expression, mais elle sied bien a ce moment du recit). Une famille de singe semble elle aussi apprecier l’endroit.

          De retour a notre plage, Pierre-Louis profite de lunettes de plongee, abandonees sur un rocher, pour explorer les coraux et autres rochers que la mer laisse entrevoir. Le spectacle est extraordinaire! Le nombre d’especes de poissons multicolores qu’abritent ces recifs si pres du bord est hallucinant. Une myriade de poissons jaunes et bleus pour les uns, oranges, blancs et noirs pour d’autres, ou encore pourpre, ou bien rayes jaune et blanc, s’agitent  sous ses yeux. Ne s’y connaissant pas en poissons tropicaux, la description ne saurait s’attarder plus longtemps, si ce n’est pour dire qu’il s’agissait d’especes de scalaires et discus de tailles et volumes varies, en banc ou solitaire, a peine deranges par la presence de ce mammifere voyeur malhabile sous l’eau. Le moment est magique!

         

          Vendredi 25 Avril: l’otite de Melanie n’est plus qu’un mauvais souvenir. Maintenant, c’est Pierre-Louis qui s’en colle une, a une oreille seulement. Sans doute la plongee d’hier. Re-pharmacie, re-goutte. Le midi c’est crevettes a l’ananas et riz au bord de l’eau! Pas mal du tout! On vous le conseille!

          L’apres-midi, nous explorons un peu plus loin l’ile en poussant jusqu’au troisieme point de vue et en suivant certains chemins au hazard. La vegetation est luxuriante et la foret remplie de lizards et de papillons.

          En reentrant au “Viking Resort” par le chemin habituel, nous tombons nez a nez avec un serpent, fin et long, qui traverse devant nous puis s’enroule le long des branches d’un arbre. Le moins que l’on puisse dire est que ca surprend! C’est le deuxieme de la journee car au village nous avons croise un homme transportant un enorme python dans ces mains, a la grande surprise de passants, touristes et locaux.

          Arrive au bungalow, la pluie s’abat sur l’ile. Melanie en profite pour realiser un vieux reve: se baigner sous la pluie. Magnifique. Des milliers de perles se forment a la surface de l’eau.

          Nous quittons Koh Phi Phi le samedi 26 Avril. Le sejour nous aura ravi et repose.

          Sur le bateau nous retrouvons nos chers tourists et remarquons qu’une fois encore, mais toujours aussi effares, leur necessite de consommer partout et tout le temps. Il n’est que 9h du matin, mais, comme s’ils avaient besoin de l’occuper, une foule de gens achetent et bouffant chips, gateaux et bonbons et picolant sodas et bieres. Et ce , qu’ils soient Anglais, Australiens, Israeliens, Japonais ou Coreens. Compulsifs!

          Le transfert du port a la gare routiere est l’occasion d’une autre remarque, sur les Thais cette fois. Ce n’est pas la premiere fois que nous remarquons leur propention a prendre le touriste pour un porte-monnaie ambulant. C’est habituel et commun a tous les pays. Mais ici c’est pousse a son paroxysme. Les taxis et autres moto-taxis t’annoncent le double du prix, seulement la negociations est quasi impossible. Ils preferent ne pas bosser plutot que ne pas arnaquer l’etranger et lui faire payer un prix normal. Il y a six jours, nous avions effectues le trajet inverse pour quarante Baths. Aujourd’hui, on nous en demande cent, et personne ne descend en dessous de quatre-vingt! Nous partons donc a pied, sous le regard de dizaines de chauffeurs inactifs, mi-meduses, mi-incredules. Deux ou trios nous depassent ensuite sur la route, leur taxi vide et nous proposent toujours quatre-vingt ou soixante-dix Baths. On les renvois chez leur mere! Apres vingt a trente minutes de marche, un moto-taxi nous prend finallement pour 40 Baths, arretant un de ses condisciples sur le bord de la route. Il tombe bien car il fait vraiment chaud!

          Nous sommes a l’heure pour notre bus direction Phang Nga!

15 juin 2008

Kanchanaburi, le pont de la riviere Kwai.

    Le jeudi 17 Avril au matin, nous optons pour un bus local pour rallier Kanchanaburi: premiere etape, Suphan Buri et changement de bus pour Kanchanaburi. Nous rencontrons dans le bus Laurent et Nathalie, un couple de prof tres sympa. Ils ont fait des voyages memorables,au Canada ou encore en ex-Yougoslavie, avant d'avoir des enfants. Ces derniers etant grands, ils se relancent dans les voyages.

    Nous realisons pendant le trajet combien il est agreable de voyager dans un petit bus local, ce qui ne nous etait pas arrive depuis longtemps.

    Arrives a Kanchanaburi, nous decidons,avec Laurent et Nathalie,de nous diriger a pied vers le Sam's River Guesthouse sur les rives de la fameuse riviere Kwai. Il fait chaud, visiblement, on a une petite trotte a parcourir, mais le plus drole, c'est que Songkran continue ici! Et pas qu'a moitie! Le talc que les Thais nous mettent sur le visage est aussitot efface par les seaux d'eau que l'on recoit malgre nos supplications. Relativement agaces, nos sacs tres humides, nous arrivons a bon port. Heureusement, notre materiel n'a pas souffert. Le Sam's River Guesthouse propose des chambres dans un bungalow flottant: en raison de l'humidite ambiante et le laisser-aller de l'entretien, ces petites chambres se degradent tres rapidemment.

    Nous nous jetons dans la foule de Songkran pour chercher notre pitence. Un Seven Eleven fera l'affaire. Il nous faut, a ce propos, vous presenter le Seven Eleven que nous trouvons absolumment partout en Thailande. C'est un peu notre "8 a huit" national, a la difference pres que c'est bien souvent le seul supermarche que l'on trouve pour acheter boissons ou petit-dejeuner. Cette chaine americaine de commerce de proximite a litteralement envahit la Thailande!

    Nous tentons de rejoindre le Pont de la riviere Kwai, mais nous decidons a mi-parcours de remettre la visite au lendemain: nous sommes completement trempes par les Thailandais. Nous sommes tres surpris de voir d'enormes baffles cracher de la musique techno resister autant a l'eau, car elles ne sont pas epargnees dans la bataille et ne provoquent aucune electrocution! Nathalie, qui ne supporte pas d'etre aspergee, garde le sourire, mais tous les quatre en avons soupe de Songkran, et nous preferons finir l'apres-midi tranquillement sur le ponton, pres de nos chambres.

    Vendredi 18 Avril: branle-bas de combat a 7h30 pour visiter le Pont de la riviere Kwai. Nous apercevons en chemin des agences proposant des excursions dans les Parcs Nationaux d'Erawan ou Sai Yok. Les photos sont tres allechantes, mais les droits d'entrée sont hors budget. Il y a aussi une visite organisee au Temple du Tigre: des moines qui ont receuillis cet animal, au depart pour proteger l'espece, font desormais payer l'entrée de leur temple aux touristes (ils ont tout compris!). Le plus sordide dans cette affaire, c'est que ces moines droguent les tigres afin qu'ils soient dociles et supportent la visite de nombreux groupes dans une meme journee. Comme quoi une bonne intention peut-etre pervertie par l'appat du gain.

   Juste avant d'arriver au pont, nous accedons a une esplanade qui donne un tres beau point de vue sur ce monument. Pres de cette esplanade, il y a une exposition de photos d'epoque, derriere un marche couvert. Ces photos retracent les grands episodes de la construction: premier pont en bois, deuxieme en fer et les nombreux bombardements ou sabotages qu'ils subirent. Ces ouvrages commandites par les Japonais pour relier par voie ferroviaire la Birmanie, fut le theatre d'atrocites humaines. En effet, les prisonniers de l'armee nippone, pendant la Seconde Guerre Mondiale, furent employes comme main d'oeuvre a l'elaboration de cette ligne de chemin de fer strategique dans cette partie du globe (415 kilometres de rails entre Bangkok et Rangoon). Les prisonniers ( Australiens, Anglais, Hollandais, Americains, mais aussi Malais, Indiens, Thailandais et Chinois) etaient traites comme des esclaves. Le pont en beton et fer fut construit en dix-sept mois au lieu des trois ans initiallement prevus, ce qui traduit a quel rythme de travail insoutenable ils devaient avancer. Ajoutez a cela les conditions de vie precaire dans des baraquements (avec toutes les maladies qui s'en suivent), dans un milieu hostile comme la jungle, et ce n'est pas moins de douze mille Occidentaux et soixante-dix mille Asiatiques qui perirent sur cette portion de la voie ferree. En 1945, les bombardements repetes des Allies parviendront a detruire le pont en son milieu. La partie manquante fut reconstruite apres la guerre. Une ceremonie commemorative a desormais lieu tous les ans, spectacle son et lumiere et feux d'artifices, fin novembre debut decembre. Malheureusement, nous sommes loin de la fin de l'annee, le soleil brulant des le matin nous le rappelle bien.

     Se retrouver sur le pont en se rememorant le passe est veritablement emouvant, d'autant plus qu'il est 8h et qu'il n'y a presque personne. Nous arrivons a traverser le pont seul, en s'imaginant dans les annees quarante. Nous ne pouvons pas nous empecher de siffloter la bande originale du "Pont de la riviere Kwai" de david Lean. Un petit train jaune,transportant une poignee de touristes matinaux, nous arrache a nos pensees et nous nous rangeons sur le bas-cote ou de petites niches, a intervalles reguliers, protegent le pieton. Il y a deux structures metalliques bien distinctes: a chaque extremite du pont, en forme de demie-lune, la structure d'epoque; au milieu, suite a la reconstruction d'apres-guerre, une ossature trapezoidale. On longera la voie pendant une vingtaine de minutes pour voi si nous pouvons avoir un beau point de vue sur la region. Entre montagnes, rivieres, jungle et rizieres, nous n'avons fait qu'entrevoir dans le bus la beaute des paysages. Nous en profitons pour parler d'Histoire. En rebroussant chemin, nous cherchons un moyen de longer la riviere. Pas de chemin a proprement parle, mais un enorme complexe hotelier tous conforts. Nous sautons sur l'occasion pour jouer les touristes huppes (avec tee-shirts trempes de sueur, sac plastique Seven Eleven et une gourde en peau de bete!). Nous traversons ainsi l'ensemble du complexe immense, entrecoupe de jardins sublimes et de piscines de reve, sous le regard d'une multitude de jardinier a peine interloques a la vue de deux Occidentaux tout transpireux de leur marche et certainement en total decalage vestimentaire avec les touristes frequentant habituellement les lieux. Les dizaines d'appartements luxueux que comprennent chaque batiment sont etrangement deserts. Nous ne croiserons qu'un couple de vacancier. Arrives a l'extremite de l'hotel, nous pique-niquons a l'ombre d'un petit salon de jardin en teck, installe le long de la riviere Kwai.

    Au retour, nous retraversons le pont, maintenant envahit de visiteurs. Nous ne pouvons nous empecher de remarquer l'etrangete de ce site. Hier, enfer absolu au coeur d'une guerre mondiale ravageuse, aujourd'hui, le pont est une structure elegante chevauchant une riviere magnifique dans un ecrin de verdure encadre de monts majesteux. Souvenir de l'enfer des hommes dans une nature paradisiaque.

    L'apres-midi, c'est la sieste. La chaleur et la longue marche a extenue les organismes. Le reste de la journee sera consacre a la contemplation de la riviere, les ecouteurs sur les oreilles pour Melanie, un livre a la main pour Pierre-Louis. Nous remarquons aussi la presence d'une famille de varan sur la rive attenante a notre bungalow flottant. Nous aurons ainsi le loisir d'observer en toute tranquilite ce drole d'animal, dinosaure miniature sur terre, reptile semblable au crocodile dans l'eau. Nous achevons la journee en visitant une pagode chinoise un peu kitsch. Visite ecourtee en raison du nombre hallucinant de chiens errants qui semblent avoir elu domicile la-bas, et dont la presence en meute ne nous rassure guere.

    Le soir, nous nous retrouvons avec Laurent et Nathalie au restaurant, ou nous degustons une fondue thailandaise succulente (On fait cuire viande et fruits de mer dans un bouillon epice).

   

    Samedi 19 Avril. Laurent et Nathalie sont partis tot ce matin direction les iles du Sud. Nous aurons apprecie cette rencontre pour la fraicheur et la simplicite avec laquelle elle s'est deroulee.

    Nous devons egalement rejoindre le Sud, Phuket plus precisement, ou un bateau devrait nous emmener demain matin vers l'ile paradisiaque de Koh Phi Phi.

   Cette journee est une journee typique de transfert d'un point a un autre. Pas franchement delirante, mais toujours interessante si l'on prend la peine de se deplacer comme et avec les locaux. On peut ainsi souvent observer des petites choses anodines de prime abord, mais qui constitue le quotidien des habitants du pays.

   Nous devons d'abord rejoindre Bangkok d'ou nous prendrons un bus de nuit pour le Sud. Nous sommes contraint a une longue attente a la gare routiere du Sud de la capitale. Le batiment flambant neuf est, en fait, une vraie galerie commerciale sur trois etages. Au troisieme, nous restons bouche bee devant une des boutiques. Il s'agit d'un espace de jeux videos et de boxes karaoke individuels. Les voyageurs tuent ainsi le temps, en poussant la chansonnette, assis dans un petit fauteuil, devant un ecran ou passent leurs clips favoris. Pour nous, le spectacle est a peine croyable.

   Notre bus n'est pas mal du tout, si ce n'est la clim poussee a fond. Melanie n'est pas au mieux. Une vive douleur a l'oreille la fait souffrir et va lui gacher sa nuit. En debut de nuit, nous recevons un sms de Yann, le frere de Pierre-Louis, nous annoncant la naissance d'Evan, deuxieme enfant de celine, sa soeur.

Message collectif:

En raison d'ordinateur ramant comme des malades et la difficulte a transmettre les photos, nous vous annoncons que la frequence de mise a jour du blog risque fort d'etre perturbee. Nous vous remercions de votre comprehension. Sans rire, on s'arrache presque les cheveux lorsque l'ordinateur refuse d'envoyer les photos ou que c'est la deuxieme fois que l'on tape un texte a cause de coupures de courant intempestives ou d'un bug.

On espere que cela ne vous empechera pas de nous laisses des commentaires, nous sommes toujours avides de savoir ce que chacun d'entre vous ressent nos textes.

   

    

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