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30 juillet 2008

Phang Nga et retour sur Bangkok.

         Pour rejoindre Phang Nga nous devons traverser en bus l’ile de Phuket. En deux heures nous sommes a destination. Retour sur le continent donc, mais a quelques encablures seulement de la mer d’Andaman. La ville, agglomerat de maison le long de la grande route reliant le Sud de la Thailande a sa partie continentale, n’a pas d’interet en elle-meme. La raison de notre escale ici ce trouve a quelques kilometres de la: la Baie de Phang Nga et sa multitude d’ilots de roche karstique, couverts de vegetation, qui en fait une “petite baie d’Halong”. Il etait ecrit que notre sejour thailandais serait marque du sceau du septieme art, c’est encore le cas ici. Un des pitons calcaire de la baie est en effet connu sous le nom d’“ile de James Bond”. Cette ile servit en fait de décor naturel a “L’Homme au pistolet d’Or”, un des volet de la saga, et n’abritait rien de moins que la base secrete du milliardaire Scaramanga. Autant dire que, pour Melanie, y poser pied est presque un aboutissement.

         A peine sorti du bus, un homme nous aborde presque nonchalamment, afin de nous remettre plan de la ville et infos sur ce qu’il y aurait a y voir et a y faire, c’est a dire Presque rien. Comme nous l’avions lu dans notre guide, la ville ne possede qu’une demi-douzaine d’hotels, et celui que nous y avons coche nous est egalement conseille par notre homme. A y regarder de plus pres, le petit monsieur ne nous est pas tout a fait inconnu. Il s’agit de Monsieur Kean, proprietaire de l’une des trois agences de la ville (toutes trois d’ailleurs autour de la minuscule gare routiere) que notre guide precedemment cite avait qualifie de personnage incontournable du coin, fort sympathique au demeurant. Il est habile, ne doutant pas une seconde que l’on fasse appel a ses services pour l’excursion dans la baie. Les prix sont raisonnables, l’homme attachant, nous ferons donc affaire avec lui. L’hotel, le Phang Nga Guesthouse, est confortable. Nous mangeons en face, a la table d’une petite gargotte, de bon petits plats thailandais, cadre et cuisine familial. Le soir, nous remarquons que, devant le Seven Eleven, un attroupement s’est constitue autour d’une marchande ambulante. Elle realise sous vos yeux d’enormes pancakes, telle une crepiere nomade. De nombreux scooters s’y arretent, l’echoppe semblant etre l’unique raison de leur sortie nocturne, repartant quelques minutes plus tard d’ou ils etaient venus, quelques pancakes sous le bras. La notoriete dont elle semble beneficier pique notre curiosite et, si ce n’est la gourmandise, nous decidons de passer commande. Les deux pancakes banane-chocolat, nappes d’une sorte de lait concentre artisanal, sont a se damner! Les crepes banane-chocolat de “L’Oceane” a Morlaix, pourtant excellement preparees par Seb ne sauront, a coup sur, plus jamais egaler ce bonheur gourmet, certes decuple par cette pincee d’exotisme irremplacable. Par avance, pardon! Au cours des trois soirees que nous passerons dans cette paisible cite, une complicite naitra de ces rencontres gourmandes entre nous deux, seuls clients etrangers de l’echoppe, et la “crepiere”, aucun ne comprenant par ailleurs la langue de l’autre.

         Le dimanche 27 Avril, nous partons de bon matin pour l’excursion tant attendue. Un vieux pick-up local vient nous chercher a notre hotel. Un jeune couple d’ Anglais sera du voyage. Nous embarquons, un peu plus bas, dans un long tail boat des plus traditionnel, propulse a l’aide d’une helice installee au bout de cette interminable tige de metale, donnant au passage son nom a l’embarcation. Le debut de la sortie est fantastique autant qu’inattendue. Pour rejoindre

la baie

, nous devons traverser une mangrove fascinante. Pendant plus d’une heure nous serpentons entre minuscules boyaux de riviere et larges bras de mer, frolant cette foret dense de paletuviers, arbre extravagant s’il en est, son tronc se demultipliant a un metre de l’eau, telle une main aux inombrables doigts plongeant dans une riviere croupissante et sombre. Cet enchevetrement ne permet a l’oeil de s’enfoncer que de quelques metres dans l’obscurite entremelee de la foret. L’imagination, stimulee par ce mystere vegetal, nous pousse a tenter d’apercevoir quelque animal fabuleux, tapit quelque part, la, pret a surgir ou a deguerpir a notre approche. En vain! C’est tout juste si nous apercevrons quelques varans, confiants en leur precaire camouflage.

         Quelques ilots rocheux commencent a apparaitre au milieu de cette mangrove. Certains forment des tunnels ou arches suffisamment hauts pour permettre le passage de notre embarcation. La mangrove finit par s’ouvrir plus largement et nous sommes soudainement propulses en mer. Nous longeons alors de somptueux pains de sucre, elegantes tours de roches calcaires recouvertes d’une vegetation luxuriante, faisant preuve d’ingenuosite pour s’accrocher aux parois parfois abruptes de l’edifice mineral. Nous passons devant un village musulman flottant, avec sa Mosquee au dome dore, accroche a un piton rocheux. La visite est prevu pour le retour. Les pains de sucre sont dissemines dans

la baie

, parfois eloignes les uns des autres, offrant un paysage unique. De loin on pourrait se croire au depart d’une regate mythique comme le Figaro ou la Route du Rhum, quand les immenses voiliers, encore visibles du continent, sont suffisamment proches les uns des autres, luttant toutes voiles dehors pour la pole-position. Sauf qu’ici, plus on s’approche, plus devient flagrante l’immobilite seculaire des ces autres geants des mers, plus la voilure imaginee fait place au linceul vegetal, et, plus pres encore, a la nature minerale, rocheuse, massive des blocs karstiques. Les ilots prennent alors diverses formes. Certains s’obstinent a ressembler a un navire a la mature immense, les voiles gonflees par le zef. D’autres, plus arrondis, paraissent, qui un animal aux aguets, qui le sein d’une deesse maritime assoupie au fond des eaux, qui un ilot deja apercu quelque part dans une baie bretonne, ile Louet du bout du monde. A l’approche d’un groupement d’ilots, nous reconnaissons immediatement le plus celebre d’entre eux. Quelques minutes apres, nous accostons l’ile de Khao Ping Kan, autrement appelee “Ile de James Bond”. Et on comprend immediatement pourquoi elle fut choisies parmis tant d’autres: son elegance. Petite mais dotee d’une fine bande de sable, son contour tourmente lui confere de surcroit une diversite d’aspects des plus photogeniques. Elle abrite aujourd’hui quelques boutiques de souvenirs agglutinees sur la minuscule plage, qui, si elles encombrent un peu la vue, ne genent pas outre-mesure. Nous nous adonnons a quelques prises de vues comme tout le monde, a l’exception d’une chose, etonnante au demeurant : seule Melanie ose la pose 007. Les autres se contentent des habituels effets d’optiques donnant l’impression de toucher le sommet du piton rocheux de son doigt ou de le tenir dans le creux de sa main. James Bond doit avoir pris un coup de vieux pour le public thailandais, visiteur majoritaire de la baie.

         L’arret au village flottant est un peu ennuyeux. La partie visitable du village n’est que restos et boutiques de souvenirs. L’autre moitie, habitee, n’invite pas a la visite. Vous aimeriez vous que des Thailandais en short arpentent vos jardins et terrasses, hasardant quelques regards a travers les vitres de votre cuisine pour voir comment vous vivez? Je vous vois deja les explusants manu militari vociferant au respect de votre sacro-sainte “propriete privee”.

         En retraversant la mangrove (quel bonheur!), nous ralentissons a hauteur d’une anfractuosite de la roche au pied d’un ilot (Khao Kien), ou nous avons tous loisirs d’admirer quelques peintures rupestres, signe que ces contrees sont habitees depuis belle lurette.

         Nous debarquons trois heures plus tard, enchantes de tant de merveilles, ravis de s’en etre approche, conscients du privilege qui nous a ete donne de vivre de tels moments.

         Le lendemain, nous devons attendre le bus de nuit qui nous ramenera vers

Bangkok

. Nous decidons de nous rendre a une des nombreuses grottes qui entourent la ville, certaines amenagees en lieu de culte. Nous cherchons pendant longtemps la “

Tapan

Cave

”, tellement le plan de Monsieur Kean s’avere approximatif. Enfin a destination, nous sommes interloques par le spectacle qui s’offre a nous. Cette grotte est sensee reproduire l’Enfer et le Paradis. Pour la partie Enfer, le pied de la grotte est affublee de statues naives particulierement atroces. D’abord, elles sont moches, genre oeuvre scolaire pour fete des Peres ou des Meres (cendrier ou porte-savon en papier mache, peint a la truelle de couleurs vives que personne n’avait jusqu’alors eut l’idee d’associer...). En plus, elles illustrent des scenes infernales de torture, empalement, ecartelement, etc... En fin de compte, c’est assez reussi parce que ca finit par vous foutre franchement les ch’tons ces conneries!!! Nous accedons au “Paradis” en entrant dans la grotte et en s’y enfoncant jusqu’a une statue de Bouddha. La grotte est belle, peu eclairee (nous sommes a deux doigts de marcher sur un chien couche dans le noir!), ce qui lui confere une atmosphere paisible (pas l’histoire du chien, mais son cote peu eclaire!!!). N’empeche que si c’est le Paradis, faite attention, ca pue sacrement la chauve-souris la-dedans! A l’exterieur, un immense dragon permet d’acceder directement au Paradis sans passer par la case Enfer. Il faut toutefois s’engouffrer par la gueule de celui-ci et suivre quelques dizaines de metres le chemin gutural.

         Un peu plus loin, le parc attenant a la grotte abrite un monastere ou vivent en harmonie quelques moines et une ribambelle de singes, coqs et poules.

         Nous devons aussi prendre du temps pour ecrire le blog cet apres-midi dans le parc, mais la forme et l’humeur ne sont pas geniales pour nous deux aujourd’hui. Plus Enfer que Paradis. Nous reussissons tant bien que mal a coucher quelques mots sur papier entre une balade dans une aire de jeux pour enfants deserte et une excursion dans une plantation d’heveas. Aucun arbre ne semble plus alimenter en caoutchouc les recipients accroches a l’extremite de l’entaille qui ne manque pourtant pas d’apparaitre sur chacun d’entre eux. C’est en revanche le repere de farouches moustiques empaleurs qui fetent notre presence avec un peu trop de zele a notre gout. Il y a des jours ou l’Enfer ne semble pas vouloir vous abandonner.

         Apres deux derniers pancakes (le Paradis, enfin!), nous prenons notre bus vers 22h, en route pour une nuit dans l’”Enfer” climatise des cars thailandais.

         Mardi 29 Avril, retour a

Bangkok

. Une nouvelle fois le taxi, qui nous transporte de la gare routiere a l’appartement de

Pierre

et Marcel ne cherche pas specialement le chemin le plus court. Mais, cartes en main, nous sommes vigilants et lui proposons de peaufiner un peu la connaissance de sa ville en lui indiquant le bon chemin. Comme d’habitude, a ce moment-la, il en perd subitement son anglais et fait mine de ne plus rien comprendre. N’empeche, par on ne sait quel miracle, la route qu’il suit reprend tout a coup un itineraire bien plus direct.

         C’est un vrai bonheur de retrouver

Pierre

et Marcel. C’est un peu comme si on retrouvait de vieux amis. Ayant perdu leur femme de menage, Melanie, a qui cela visiblement manquait, reprend du service. Elle en parait ravie...

Pierre

et Marcel aussi. Le soir nous apprecions une soiree tele: spectacle de Gad Elmaleh et film “Camping” sont au programme.

         Les jours suivants sont reserves a l’ecriture du blog, le classement et l’envoi des photos (interminable!). Nous prenons le temps aussi de se raconter mutuellement nos voyages avec Pierre et Marcel, le premier revenant de Bali (ile vraiment extraordinaire) et le second ayant roule sa bosse, comme on dit, dans toute l’Asie du Sud, et notamment Cambodge et Vietnam, nos prochaines destinations.

         Nous parvenons ensuite a acceder enfin a la terrasse d’un des deux Skybar de la ville (la premiere fois, nous nous etions vu refuser l’entree a cause de nos sandales, Melanie s’etant pourtant paree d’une de ses belles tenues indiennes). Comme son nom l’indique, ce bar est situe sur le toit d’un gratte-ciel. Et c’est un beau cadeau de depart que

Pierre

nous offre la. A plus de soixante etages du sol grouillant de

Bangkok

, nous beneficions d’un point de vue epoustouflant sur la ville qui, de nuit, est tout a fait envoutante.

Pierre

nous assure qu’on est chanceux car ce soir la visibilite est excellente et les lumieres de la ville se laissent observer a perte de vue. Nous degustons nos vodkas, adosses a la rembarde, a un petit pas du vide, se delectant longuement du spectacle.

         Vendredi 2 Mai: dernier jour a

Bangkok

. Le soir nous dinons tout les deux au Lumpini Bazaar, comme nous l’avions fait lors de notre premiere soiree thailandaise.

Pierre

et Marcel doivent nous rejoindre un peu plus tard. Mais a 22h nous recevons un SMS nous annoncant que Pierre, a la faveur d’une averse, a chute en scooter. Nous rentrons precipitemment a l’appart’ prendre des nouvelles. Plus de peur que de mal puisqu’apres avoir glisse sur plusieurs dizaines de metres, son scooter s’est encastre dans une voiture arretee a un feu,

Pierre

ne passant heureusement qu’a cote. Seule sa hanche est douloureuse. Le scooter, quant a lui, est bien amoche.

Pierre

venait d’y coller un auto-collant de Ganesh que nous lui avions offert, cense proteger les vehicules sur la route. C’est rate! Il l’a tout de suite arrache bien entendu, et il a bien fait. Peut-etre cela ne marche-t-il qu’en Inde!

         Nous arrosons toutefois nos derniers moments avec nos deux comperes au cours d’une bien agreable soiree.

         Samedi matin, nous partons pour le Cambodge. Mais avant cela, nous devons rejoindre la gare routiere de Bangkok Moh Chit. Et ce n’est pas une mince affaire. Taxi, plus metro, plus

marche

a pied interminable sous une chaleur a crever. Nous nous sommes en effet un peu perdu, moitie a cause du plan a l’echelle incertaine, moitie en voulant couper par un parc, raccourci qui devait nous mener presque devant la gare (elle est en fait trois bons kilometres plus loin). Le transfert en bus jusqu’a Aranya Phratet est interminable. Le bus s’arretera tout le temps pour ceci ou pour cela. Nous prenons ensuite un touk-touk jusqu’a la frontiere, puis devons finir a pied. De l’autre cote nous apercevons le drapeau bleu et rouge du Cambodge.

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