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4 novembre 2008

Sadec, prelmiers jours au Vietnam.

     Après quelques semaines d'interruption, dûe notamment à un retour par la case France, nous sommes à la veille de reprendre la route direction... l'Afrique. Oui mais voilà! Aucune ligne concernant le Vietnam et la Mongolie n'est parvenue jusqu'à vous. Revenons donc quelques mois en arrière, jusqu'à ce jour de Mai où nous entrons au Vietnam par la petite porte (minuscule poste frontière de Prek Chak, au fin fond d'une piste boueuse dans la campagne cambodgienne), c'était le 25. Tiens, le 25, ce ne serait pas l'anniversaire de Pierre-Louis?

     C'est en effet au cours d'une journée d'anniversaire que nous quittons le Cambodge pour entrer au Vietnam. Et Dieu sait si les passages d'un pays à l'autre sont, en dehors même du franchissement toujours délicat et bourré d'incertitude d'un poste frontière, parsemés de moments de doutes, de surprises (pas toujours bonnes) et d'imprévus. Pour atteindre le poste frontière de Prek chak, c'est assez "roots"! Entassés à sept dans un taxi (le chauffeur est assis sur les genoux d'un passager!), nous partons de Kampot vers 9h00. Nous quittons rapidemment la route enrobée pour emprunter une piste de terre rouge, typique du Cambodge. Chaque village que nous traversons nous déleste d'un passager ou deux, si bien qu'à la moitié du chemin, nous ne sommes plus que tous les deux et le chauffeur. Le poste frontière était jusqu'à présent réservé aux nationaux des deux pays. Il ne s'est ouvert aux étrangers que depuis quelques semaines. Et il ne doit pas en passer beaucoup, en atteste les mines surprises des fonctionnaires qui nous acceuillent. Nos E-visas cambodgiens (obtenus sur internet) sont, semble-t-il, les premiers qu'ils voient et passent au crible d'une inspection minutieuse afin d'attester leur validité.

     Pour le visa d'entrée au Vietnam, moins de problème. On nous invite toutefois à payer nos formulaires d'immigration, billets qui finissent tout droit dans la poche du militaire de service. Taxe légale ou pas, nous ne sommes pas enclins à discuter aujourd'hui. Nous le faisons toutefois un peu plus avec les chauffeurs de moto dop (mi-scooter, mi-moto), un peu gourmands, qui offrent leurs services pour nous conduire jusqu'à Ha Tien, la ville vietnamienne la plus proche.

     Après quelques menues embrouilles à la gare routière, nous trouvons un bus pour Rauch Gia, un peu plus au Sud. Notre but: y trouver un autre bus afin de rejoindre, si possible dès ce soir, la petite ville de Sadec qui a vu grandir Marguerite Duras, au coeur du Delta du Mékong. La gare routière de Rauch Gia est déserte, à l'exception des chauffeurs de moto dop toujours trop gourmands, et qui s'accrochent à nos basques. Avouons toutefois qu'au Vietnam, le reste de notre séjour le confirmera, ils ne sont pas trop insistants. Un "non" ferme et la troupe se volatilise. En revanche, la négociation n'est pas aisée et les prix restent exagérés. Mais nous n'avons pas le choix, et aujourd'hui nous sommes pressés. Nous n'avons pas de carte de la ville, donc aucune information pour savoir où trouver notre bus. Les motos dop nous déposent quelques kilomètres plus loin, au bord d'une large rue de la ville. Une petite guérite est placée là, au milieu du trottoir. L'hôtesse ne parle pas anglais mais on nous assure que c'est d'ici que partent les mini-bus pour Sadec. Un homme d'une bonne cinquantaine d'année nous aide un peu dans nos démarches. Il parle un peu anglais et quelques mots de français lui reviennent. Nous restons une bonne heure en sa compagnie pendant laquelle il nous présente quelques amis à lui: un vieil homme qui fume cigarettes sur cigarettes; un sourd muet ou encore un petit homme un peu timide qui accompagne Pierre-Louis deux rues plus loin, jusqu'à un distributeur de billets automatique. Notre ami du moment est très chaleureux et se remémore quelques souvenirs qui le rattachent à la France, comme le chanteur Christophe dont il fût fan, ou quelques vers de chansons ou de poèmes appris à l'école française.

     La route jusqu'à Sadec est terrible, mais le plaisir est immense de se voir s'enfoncer dans le mythique Delta du Mékong. Nous longeons pendant plus de cinq heures de multiples bras, des affluents ou confluents du fleuve. La route est souvent bordée de part et d'autre de canaux aux largeurs variables. Nous comprenons alors ce que nous avions lu sur la région. Pour les habitants, il est ici plus naturel de se déplacer en barque qu'en moto ou en voiture. Le long de notre chemin nous pouvons observer de petites maisons et des boutiques. C'est une véritable haies qui nous accompagne presque sans discontinuer. Nous avons l'impression de n'avoir jamais quitté la ville de départ. Le trajet est long, en partie à cause de ponts qui sont en rénovation, et ils sont nombreux ici!

     Arrivés à Sadec, l'orage est près d'éclater. Nous chevauchons pour la énième fois de la journée une moto dop. Les chauffeurs, très gentils, nous déposent au Sadec Hotel, établissement gouvernemental. C'est pire que ce que l'on croyait: l'hôtel est lugubre, exactement ce que l'on peut imaginer de l'architecture communiste (gris, sombre, massif et dépourvu de la moindre idée de confort). En plus, les chambres sont hors de prix. Nous quittons l'endroit un peu navrés. La pluie commence à tomber et nous ne disposons d'aucune carte de la ville. Mélanie pense avoir aperçu une enseigne pendant le trajet à moto. De fait nous trouvons rapidement un petit hôtel privé, extrêmement confortable, en plein centre de la ville, face au marché, et à prix très raisonnable. Il s'agit du Huong Thuy.

     Ca y est, nous pouvons enfin nous poser, et penser à fêter un peu cet anniversaire. Sur la terrasse de notre chambre, le ciel nous offre un coucher de soleil magnifique sur les toits de la ville: un ciel grandiose traversé d'un arc-en-ciel splendide! Lors d'un voyage au long cours, les chambres d'hôtel sont parfois d'une importance majeure. Elles peuvent devenir le petit « chez soi » que l'on a quitté depuis des mois. On peut ressentir le besoin de recéér un petit univers familier, confortable où se poser un peu, s'isoler. D'ailleurs, dès que l'on parle de rentrer à l'hôtel, on dit plutôt rentrer à la maison. Quand nous trouvons ce genre d'endroit, nous nous offrons le droit à un peu de relâchement.

     Une fois installés, nous partons à la recherche d'un petit resto. Les gens dans la rue sont plutôt étonnés de voir deux Occidentaux, mais leur réaction est agréable. Les « hello » fusent à chaque personne que l'on croise. De nombreuses personnes en scooter nous saluent en riant. Les femmes vont chercher les enfants à l'intérieur des maisons pour qu'ils nous saluent! C'est charmant. Après un repas de porc au caramel (pas excellent) en face de l'école que dirigeait la mère de Marguerite Duras, nous nous installons à une table d'un petit troquet qui sert des bières locales. On nous avait vanté leur saveur, et on ne nous avait pas menti! Là encore, les gens nous adressent des petits gestes amicaux, semblent nous remercier simplement d'être là. Un vieil homme vient nous « taxer » quelques cigarettes, en français s'il-vous-plaît. Nous rentrons à l'hôtel un peu grisés par l'alcool, et très détendus par cet acceuil si chaleureux de la ville qui a couvé les amours relatés dans « L'Amant ». Nous pouvons dire que ce soir-là, nous sommes heureux!


     Au cours des deux jours suivants, nous visitons la ville de long en large. Nous decouvrons de superbes pagodes et des maisons de Mandarins Chinois (de l'époque de la présence chinoise). La pagode de Kien An Cung est celle qui retient le plus notre attention. Les murs intérieurs sont couverts de fresques, dessins tenant plus de la B.D. qu'autre chose, mais vraiment splendide, et d'une finesse... L'atmosphère de cette pagode en bois, aux dorures et couleur rouge et noir, invite à la sérénité.

     Puis nous visitons la maison du Mandarin Huynh Thuan, le fameux « amant » de Marguerite Duras. C'est une passante qui nous confirme qu'il s'agit bien du lieu de pélerinage littéraire. Elle entre elle-même se renseigner pour nous, pour savoir si la visite est possible. Il y a peu, c'était encore un poste de Police, mais il y a quelques mois, la ville en a fait un petit musée/hôtel très agréable. Pour les puristes, la maison n'est plus bleue mais blanche. Cela n'enlève rien à l'émotion d'être là. L'habitation est belle avec ses boiseries sculptées, petite et simple. Des photos de famille de Marguerite Duras et de Huynh Thuan côtoient ça et là des photos du film de Jean-Jacques Annaud. Nous apprenons que Marguerite Duras a quitté l'Indochine sur un paquebot baptisé Alexandre Dumas. Clin d'oeil de l'histoire! Nous finissons la visite en dégustant un thé au jasmin accompagné de gingembre confit avec la guide, dans le salon de la maison. Nous sommes tous les trois tranquillement attablé, à discuter de choses et d'autres. C'est magique! Imaginez-vous à Giverny, boire le thé en toute désinvolture dans la cuisine de Claude Monet! Pour rester sur le thème durassien, nous faisons plus tard le tour de l'école primaire dont la mère était directrice. C'est un petit bâtiment jaune datant de 1902, en forme de U avec la cour au milieu. Par la fenêtre d'une salle de classe, nous sommes surpris de découvrir sur l'étagère, derrière le bureau de l'instituteur, des livres en français (dont Le Petit Larousse 1996) et de vieilles cartes de France comme nous en avions dans nos propres classes! Sensation étrange et douce. Retour en arrière émotionnel sur nos jeunes années, atmosphère de cours de récré, et tout ça en plein milieu du Delta du Mékong! Nous pensons bien sûr beaucoup à Philippe, notre ami admirateur de Marguerite Duras et nous nous promettons de revenir un jour ici avec lui.

     Nos balades nous emmènent également le long du Mékong, jusqu'aux immenses pépinières ou se cachent une variété infinie de plantes odorantes et colorées, poussant sagement sur les rives du fleuve millénaire. Le coucher de soleil nous offre à nouveau une lumière magnifique.

     A Sadec nous prenons également nos premiers repas attablés à de véritables dinettes installées sur le trottoir. Ce sera le cas bien souvent au Vietnam. Là encore, les gens sont plutôt surpris de nous voir manger là. Ca les amusent beaucoup, même nos cuisinières qui tentent de nous expliquer comment, avec des baguettes, découper un morceau de viande plongé dans la soupe. Si vous allez un jour au Vietnam, n'hésitez pas une seconde à vous attabler dans ce genre d'établissement. Les soupes y sont succulents et, ce faisant, vous expérimenterez le mode de vie typique du Vietnamien.

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Commentaires
J
cool de pouvoir vous relire ! <br /> <br /> je profite du blog pour souhaiter a Mel un joyeux anniversaire en temps et en heure cette fois ci ;) <br /> gros bisous !!<br /> Julien
M
JOYEUX ANNIVERSAIRE !!!!<br /> L'année dernière, tu as fêté tes 24 ans au Mexique, aujourd'hui tu fêtes tes 25 ans à Ouagadougou,t'en a quand même de la chance ! Par contre, l'année prochaine t'es obligé de le fêter avec nous.<br /> On te fait de gros bisous pour ce quart de siècle, on boira un verre à ta santé ce soir.<br /> Bon voyage les p'tits loups.<br /> <br /> Marie & JS
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