Hué, la capitale culturelle du Vietnam.
La route qui nous mène à Hué est splendide. Nous longeons souvent la côte et, régulièrement, nous surplombons de magnifiques paysages de rizières. Nous avons choisi cette étape car Hué est la capitale culturelle du Vietnam, en plus d’abriter l’ancienne cité impériale. C’est aussi l’époque du festival d’Hué, avec musique et cérémonies en tout genre. Seulement, les prix sont prohibitifs pour notre budget (équivalent à ceux pratiqués en Europe pour ce genre de manifestation !). Nous nous contenterons des expos ou autres animations de rues (trop peu nombreuses), ou encore des répétitions ouvertes au public, comme celle de la cérémonie de clôture devant la porte de la Cité Impériale.
Dès le premier soir, nous dînons à l’excellent Lac Thien : petit restaurant chaleureux tenu par un sourd-muet rigolard et très accueillant, mondialement connu, en témoignent les photos des quatre coins de la planète qui décorent les murs. Il faut dire qu’il offre à ses clients un décapsuleur artisanal, fait d’une lamelle de bois, d’une vis et d’un boulon. A charge pour eux de lui retourner une photo d’un décapsulage de bière devant un monument du monde (le Mont Saint Michel ou le Pont Recouvrance de Brest, par exemple). Et ils sont nombreux les voyageurs à orner les murs déjà bien encombrés de dédicaces faites au marqueur (dont un drapeau Gwen-ha-Du !). Ce petit coin sympa deviendra notre cantine tout au long de notre séjour.
La ville a revêtu ses habits de fête à l’occasion du festival : l’impressionnant Pont Trang Tien la Rivière
Au cours de notre séjour ici, nous avons, une fois encore, l’occasion de côtoyer la gentillesse vietnamienne. Nous ne savons pas encore qu’après Hué les choses changeront, les gens du Nord Vietnam étant bien moins agréables. Les femmes arrêtent souvent Mélanie dans la rue pour la complimenter sur sa tenue vietnamienne, certaines même la touche avec un brin de curiosité fébrile. A l’hôtel, après avoir aidé un ami de la réceptionniste à prononcer des mots de sa leçon de français, un petit rituel se met en place avec eux chaque soir : ils nous souhaitent, en français, de passer une bonne nuit. Ou encore à notre cantine, nous oublions un soir un sac rempli de fruits de la passion à notre table. Ils nous rappellent du balcon à grand renfort de gestes, puis, les fruits récupérés, toute la troupe nous lance des au revoir en riant de notre distraction.
Nous aurons souvent l’occasion d’arpenter la Citadelle Impériale. La Cité Interdite
A l’intérieur, c’est un dédale de rues menant à différents monuments ou habitations dont les façades, portes ou bien paravents, sont ornés de décorations colorées et chargées, à l’influence chinoise prononcée. Une partie de la Cité la Reine-Mère
Le dernier soir du Festival nous sommes surpris, pendant notre dîner au Lac Thien, par l’explosion d’un feu d’artifice. Nous regardons le spectacle avec toute la famille du restaurant, hilare et fascinée, autant que la petite dame qui ne cesse de dire « Boum-boum !» en se marrant et tapotant Pierre-Louis amicalement. Quelques minutes plus tard, alors que nous longeons la Rivière la Rivière
La veille de notre départ, nous partons visiter la Pagode Thien
Quelques kilomètres plus loin, écrasés sous la chaleur, nous arrivons au pied de la pagode. L’entrée est dominée par une élégante tour surplombant la rivière, large à cet endroit, et qui serpente à travers une végétation dense. Derrière, s’étend la pagode, domaine des moines, abritant, semble-t-il, une école de jeunes moinillons aux tenues jaunes, bleues ou marron. Nous avons la chance d’assister à un office au cours duquel s’élèvent ces chants envoûtants propres au culte bouddhique. La cérémonie est magnifique autant qu’émouvante. A la fin, nous brûlons quelques bâtons d’encens en pensant à ceux que l’on aime, restés en France.
Les jardins sont calmes, ornés de bonzaïs et accueillant le vol de papillons géants. Tout nous invite décidemment à la méditation. Un bâtiment, sur la gauche, nous renvois pourtant à une réalité moins sereine. Il abrite un « monument historique » : l’Austin du Vénérable. Ce véhicule, tristement célèbre, est celui que l’on distingue en arrière-plan d’une photo qui a fait le tour du monde (reprise par ailleurs par le groupe Rage Against The Machine pour la pochette de leur premier album) : celle d’un moine s’immolant par le feu à Ho Chi Minh Ville, il y a une quarantaine d’années, en signe de protestation contre le régime persécutant les moines. La voiture était la sienne. Il venait de ce même monastère. Un moine l’a rachetée et rapatriée ici pour perpétuer le souvenir de ces jours sombres du Communisme Vietnamien.
Nous poursuivons encore un peu notre marche le long de la rivière majestueuse, sous le soleil de fin d’après-midi. Nous tombons sur les vestiges du Temple de la Littérature
Un dernier repas au Lac Thien, et nous rentrons à l’hôtel, l’esprit rempli de cette faste journée. Demain, nous partons pour Hanoï.