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1 août 2008

Phnom Penh

            Jeudi 15 Mai : nous partons pour Phnom Penh. La route se fait sans encombre. La capitale du Cambodge est grouillante de scooters. Comme les trottoirs n’existent pas, ou sont utilisés à d’autres fins (parking, par exemple), il n’est pas aisé de se faufiler dans toute cette circulation. Chaque déplacement n’en est que plus pénible. Nous pourrions, il est vrai, emprunter les touk-touk, fort nombreux à vous proposer leurs services, mais nous avons pris l’habitude depuis l’Inde a ne recourir à ce moyen de locomotion qu’en cas d’extreme nécessité. En effet, si en Amérique du Sud ces transports pratiquent des prix bas et fixes, l’Asie n’offre pas ce luxe. Dès qu’il y a marqué étranger sur votre peau, les prix peuvent jusqu’à quintupler. Fatigués de négocier, parfois difficilement, à chaque trajet, nous avons définitivement opté pour nos jambes. Cela procure en outre l’avantage de mieux découvrir la ville, meme au prix, parfois, de plus de vingt kilomètres de balade. C’est donc à pied que nous partons pour l’ambassade du Vietnam déposer notre demande de visa. Avec celui du Cambodge (demande et délivrance par mail, trop facile), se sera le plus aisé à obtenir car délivré en vingt-quatre heures.

            Le Musée Tuol Sleng n’étant pas très loin, nous faisons un petit crochet. C’est à ce jour le lieu le plus terrible que nous ayons visité, et la visite la plus éprouvante que nous n’ayons jamais effectué. Ce musée, après avoir été une école, fut le symbole de la folie meurtrière Khmer Rouge. Après la prise de Phnom Penh, le 17 Avril 1975, par les Khmers Rouges, ces derniers transformèrent le petit lycée en prison de haute sécurité (la terrible S-21). La suite en fera le plus grand centre de détention, de torture et d’élimination du pays. Sous la direction de Douch, le bourreau exécutant les volontés de l’Angkar (centre du pouvoir Khmer, regroupant quelques cadres, dont Pol Pot lui-meme), c’est près de vingt mille hommes, femmes, enfants qui furent torturés dans ces lieux, puis assassinés un peu plus loin, au camp d’extermination de Choeung Ek. En trois ans huit mois et vingt et un jours d’exercice du pouvoir, les Khmers Rouges élimineront près de deux millions de leurs compatriotes. Autant dire que la visite de ce lieu révèle l’horreur dans toute sa puissance. La simplicité du lieu, et sa situation dans un quartier tranquille, rajoute à l’ignominie.

Nous ne vous décrirons pas ces anciennes salles de classe aménagées à la va-vite en minuscules cellules de briques ou de bois, ou en salle de torture où trone pour la postérité les photos des quatorze corps mutilés des derniers prisonniers massacrés alors que les Vietnamiens étaient déjà dans Phnom Penh.

Nous ne vous transcrirons pas les sentiments que procurent le cheminement dans certaines salles couvertes de milliers de photos de prisonniers (ils étaient méticuleusement photographiés à leur arrivée) dont de nombreux Khmers Rouges, bourreaux transformés en victimes au cours de purges au sein du mouvement.

Nous ne vous dépeindrons pas ces visages fixant l’objectif, puis ces cranes ayant appartenus à l’un de ces visages.

Nous ne vous détaillerons pas enfin l’étrangeté des sentiments qui nous ont envahi en croisant un des sept seuls survivants du camp, aujourd’hui libre, racontant inlassablement à des groupes de visiteurs les tortures qu’il a enduré, finalement toujours prisionnier, trente ans après, de ces murs et de son histoire, photographié continuellement comme tel.

Les deux visites que nous avons faites étaient trop bouleversante, à vous tirer des larmes de honte d’appartenir à cette espèce, des sanglots de rage à constater qu’une fois encore on nous sert toujours les memes histoires, en omettant d’autres aussi terribles, les relégant du meme coup au rang de quantité négligeable. Cette part de l’Histoire du XX ième siècle doit etre mieux connue, non pas pour que ca ne recommence jamais, nous savons trop bien, et ce qui s’est passé depuis la Shoah nous le démontre, que l’Homme n’apprend jamais de son passé, mais pour en etre simplement le témoin. Que ces visages ne tombent pas définitivement dans l’oubli, ou alors ils seraient morts pour rien, et au Cambodge, un mort que l’on oubli est condamné à errer sans but et sans jamais trouver le repos éternel.

Nous conseillons en revanche de voir « S-21, la machine à tuer Khmer Rouge » de Rithi Pan et de lire « Le Portail » de Francois Bizot.

Le lendemain, Samedi 7 Mai, après avoir récupéré nos visas vietnamiens, et visité un beau marché typique, avec bidoche étalée dans tous les sens, etc..., nous partons pour une longue marche vers le Palais Royal. Nous découvrons ainsi cet autre coté de Phnom Penh. Plus on approche du monument de l’Indépendance (Arc de Triomphe servant de rond point... Ca me dit quelque chose... Mais quoi ?) plus les trottoirs sont larges et dégagés, les avenues séparées d’espaces vert entretenus parsemés ca et la de portraits du Roi, à la mode thailandaise en un peu plus toc, genre décor de théatre. Le Palais Royal et la Pagode d’Argent font face aux rives du Mékong, quartier reposant et agréable où les restaurants fleurissent.

Le Palais Royal nous ravit. La filiation avec le Wat Pra Kheo de Bangkok est évidente. Mais ici, c’est moins surchargé, et l’espace ainsi créé rétablit l’élégance des batiments, la majesté de l’architecture.

La Pagode d’Argent nous éblouit. Non seulement l’esplanade qui l’entoure est superbe, avec ses bassins de lotus ou d’orchidées, ses arbres taillés facon bonzai, ses stupas ou autres monuments funéraires des Rois, ou encore, sur le mur d’enceinte la fresque racontant le Ramayana. La Pagode renferme quant à elle de nombreux trésors. Un nombre impressionnant de Bouddhas y est exposé, certains en or et sertis de diamants (dont un de neuf mille cinq cent quatre vingt quatre diamants), certains en bronze, ou encore un Bouddha d’Emeraude (encore une fois pas en émeraude, celui-la serait en cristal de Bakara). Le sol de la Pagode est couvert de cinq mille dalles d’argent pesant un kilo chacune.

Le soir, nous avons le droit à notre averse de mousson quotidienne. Leur violence peut tranformer les rues de la capitale en vulgaire rivière. Notre resto est à deux pas de l’hotel. C’est le Mama Restaurant, et se sera notre cantine à chaque passage à Phnom Penh.

Le dimanche, au petit déjeuner, nous avons le loisir d’observer ce que nous avions jusque la raté. C’est la valse des moines se promenant avec leurs gamelles que les passants se doivent de remplir. A Phnom Penh, les moines du quartier semblent connaitre les bonnes adresses. Ils se dirigent tous vers les deux memes portes, où des femmes les attendent, l’une offrant le riz, l’autre une barquette au contenu inconnu, une troisième un livre à la couverture brune qui annonce le début d’une sèrie de prière. Tous les moines ne portent pas les memes couleurs, allant du orange fluo au bordeau en passant par l’ocre, ou une série de jaune plus ou moins foncés. Nous ne savons pas s’il s’agit d’une différence dans la hiérarchie, ou de monastère, ou encore d’ordre, ou bien rien de tout cela.

Après etre repassés au Musée Tuol Sleng, nous visitons le Musée National acceuillant de nombreuses sculptures khmers, dont la plupart proviennent d’Angkor. N’étant pas spécialistes, on s’y perd un peu, mais la collection est impressionnante. Une péripétie peu commune est à signaler. Certaines statues de Shiva ou de Bouddha sont entourées d’offrandes (de fleurs principalement) comme si nous nous trouvions dans une pagode ou un temple. Et comme dans ces lieux de cultes, des femmes nous poussent fortement à commettre un don, ce que nous arrivons difficilement à éviter. Ayant été élevés à l’école du musée republicain, où les oeuvres d’art sont dépouillées de leurs oripeaux religieux pour ne conserver que leurs valeurs artistiques, nous sommes un peu déconcertés par le spectacle. Mais comme toujours, bouddhisme et hindouisme par leurs manières si douce et paisibles finissent par nous appaiser et sourire du quiproquo.

Nous finissons la journée par un tour au marché Psar Thmei, chef d’oeuvre art-déco, et surtout bordel organisé tout autour (comme se doit d’etre un vrai marché) contrastant avec l’ordre policé qui règne à l’intérieur. Anarchique est un adjectif qui colle bien aussi à la gare routière attenante au marché, et d’où nous devons partir demain pour Kratie, petite ville située plus au Nord sur le Mékong.

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Commentaires
T
JE ME DEMANDAIS CE J ALLAIS FAIRE CETTE NUIT ET BIEN VOILA C EST TROUVE <br /> PLUOT QUE REGARDER MON TAS DE BOIS QUI BAISSE A VUE D OEIL<br /> COMMENT ALLONS NOUS CHAUFFER CET HIVER<br /> <br /> RESTEZ BIEN AU CHAUD LOIN DE SES TRACAS QUOTIDIENS<br /> <br /> MAIS LISONS LISONS ET PAS TROP DE RECIT A LA FOIS ON Y PRENDRAIT GOUT ET ON POURRAIT DEVENIR GOURMAND VOIR ENVIEUX<br /> BISOUS
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