Jaipur et Taj Mahal

    Nous arrivons le matin du 15 Mars à Jaipur. Mélanie est malade: elle a de la fièvre et s'est semble-t-il enrhumée au cours des fraîches nuits du désert. Nous resterons donc toute la journée à l'hôtel, assez minable malgré un standing prétentieux. Pierre-Louis sortira tout de même chercher notre pitance et repérer la ville.

    Le lendemain, changement d'hôtel et d'humeur pour Mélanie qui se sent mieux. Notre nouveau lieu de résidence est un vrai coin de paradis. Le "Pearl Palace" est non seulement tenu par un personnel compétent et agréable (pas souvent le cas en Inde dans la catégorie d'hôtel que notre budget nous permet de fréquenter!!!), mais en plus est décoré de manière exceptionnelle. Couloirs et chambres sont personnalisés avec ameublement et couleurs sublimes. Un restaurant, perché sur le toit de l'immeuble, est en partie recouvert d'un dôme en forme de paon, et dispose de sièges et tables en fer forgé dont chaque pièce est unique. Vraiment exceptionnel et bon marché. Le meilleur de tout notre séjour indien.
    Pour visiter la ville et les nombreux monuments dont elle dispose, malheureusement très éloignés les uns des autres, nous optons pour la location d'un rickshaw à la journée. Certainement le meilleur moyen pour découvrir la ville. Vous êtes libre d'aller où vous le désirez, n'êtes pas attroupé à vingt ou trente personnes suivant patiemment un guide, et êtes plus directement en contact avec la population, mangeant et vous désaltérant auprès des petites échoppes de rue plutôt que dans les restaurants pour étrangers.
    Les visites nous prendront trois jours avec pour moments forts les visites de l'Amber Fort, construction majestueuse (malheureusement un peu vide à l'intérieur), le City Palace (qui est le seul site que l'on ait vu qui soit tel ce que l'on s'imagine de l'Inde avant de partir) et le Shri Lakshmi Narayan, temple entièrement en marbre blanc, aux sculptures magnifiques et aux vitraux de marbres fins exceptionnels. La Pink City, ou vieille ville est plutôt décevante. L'histoire part pourtant bien. En 1876, le Maharadja Ram Singh a entièrement repeint la vieille ville en rose (couleur de l'hospitalité) lors de la venue du Prince de Galles (futur roi Edouard VII). Depuis, la tradition s'est maintenue. Il est vrai que, lorsque vous entrez dans cette ancienne ville fortifiée et passez sous ses immenses portes roses, c'est du plus grand effet! Ensuite, c'est l'Inde habituelle: amoncellement de boutiques en tout genre dans un bordel plus ou moins organisé avec, pour particularité, des façades de couleur rose continues qui surplombe cette activité chaotique. Le fameux Palais des Vents, monument phare de l'imaginaire romantique indien s'y trouve. Ce n'est, au beau milieu de ces façades roses accolées les unes aux autres jusqu'à paraître n'en faire qu'une sur des kilomètres, rien d'autre qu'une exception architecturale, certes intéressante en imaginant ces femmes cachées derrière ces fenêtres, mais à notre goût pas à la hauteur de la légende! Comme en plus les visiteurs ont pour habitude ici de prendre les coins et recoins des bâtiments historiques pour des toilettes pour y faire besoins en tout genre, le romantisme coloniale du joyaux de l'Empire britannique en prend un coup!
    Au temple des singes, nous fûmes victime de la fourberie de l'animal. Après avoir gravit les pentes qui mènent jusqu'au temple, nourrissant de cacahuètes certains représentant de la race de l'animal sacré (c'est bon pour le Karma paraît-il) nous avons pris une quinzaine de minutes pour visiter le petit temple dédié au Rama le dieu soleil et à sa femme, prenant soin bien entendu de se déchausser, comme c'est l'usage dans chaque temple. De retour à l'entrée, Mélanie n'a plus qu'une chaussure! Un singe s'en est en effet emparé et, vite lassé, s'en est débarrassé en la jetant sur les pentes du ravins! Après quelques acrobaties, Pierre-Louis ramènera sa chaussure à Mélanie, Cendrillon plus énervée qu'alarmée.

    Le dernier jour nous visitons avec plaisir le Gaitor Cenotaph (encore un cimetière!) aux sculptures de marbre inoubliables.
    Nous aurons également le plaisir de rencontrer Krishan chez qui nous deviserons et échangerons nos vues sur le monde. Ce fût un réel plaisir de converser ainsi avec cet homme très croyant, à la cinquantaine passée et déjà donc une longue expérience de la vie, mais qui cherche encore et toujours à apprendre des autres cultures et à faire partager la sienne.
    Quant à notre rickshawman, prénommé Lucky, nous avons effectivement eu la chance de tomber sur lui et de pouvoir ainsi apprécier sa connaissance de la ville, sa jovialité, son honnêteté.

    Le mercredi 19 Mars, nous quittons Jaipur pour Agra. Nous n'y passerons qu'une journée, la ville n'ayant que peu d'intérêt à l'exception notoire du Taj Mahal.
   Rien qu'à l'évocation de ce nom, n'importe où que vous soyez dans le monde, l'émerveillement se lit instantanément sur tous les visages. La crainte alors est, qu'une fois devant, on soit déçu. Et bien... au contraire. Décrire la majesté incommensurable du monument et de l'ensemble du site qui l'abrite est impossible. Comment une telle beauté pourrait transparaître à travers des mots quand même les photographies les plus belles ne sont que tentatives maladroites pour l'exprimer. Comme le dit le philosophe Dany Boon: "C'est de la belle beauté!"
     La perspective au bout de laquelle trône le monument est magistrale avec ses vertes allées et ses bassins recueillant de tout côté le reflet du joyaux. Celui-ci, pourtant lourd de centaines de tonnes de marbre blanc, semble lévité à l'extrémité du parc dégageant ainsi une impression de fragilité surprenante. La finesse de ses lignes, la délicatesse de ses incrustations faites de milliers de pierres précieuses ou semi-précieuses font de ce mausolée un incroyable trésor de notre planète, désigné depuis 1983 comme Héritage du Monde. Quand on y ajoute l'histoire d'amour à l'origine de sa construction...
     Nous avons passé six heures à contempler le Taj Mahal ou à profiter de son ombre, assis sur le sol de marbre blanc. Puis avons attendu le coucher du soleil un peu plus loin dans le parc se délectant des changements progressifs de couleur qui se reflètent sur le temple. Ces heures garderont certainement ce goût particulier que seuls ces rares moments où la beauté et la grâce nous effleure sont en mesure de leur donner.
   
   

Comments

[Mioune]

"Ces heures garderont certainement ce goût particulier que seuls ces rares moments où la beauté et la grâce nous effleure sont en mesure de leur donner." C'est beau, non? Moi je dis que ces deux-là sont tombés sous le charme du Taj Mahal. Cela va leur donner des idées pour leur future maison! Mais surtout ne la meublez pas chez Ikéa, finalement,c'est très surfait...

[Vaivaine]

Mélanie, je t'imagine face au singe farceur : "PUNAISE!".
Je me limite à cette exclamation. Il m'en vient d'autres en tête mais j'ai bien peur que ce ne soit politiquement correct !!!
Enfin j'me comprends !