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12 mai 2008

Lucknow, la chance maintenant?!?!

      Le jeudi 20 Mars, nous arrivons a Lucknow apres une nouvelle nuit dans le train. Nous avions de longue date coche cette ville dans notre itineraire car c'est un pole important de la musique indienne. Seulement, nous sommes a la veille d'Holi, la plus grande fete en Inde, et tout les conservatoires de musique ou de danse comme les lieux de representations ou nous tenterons de nous rendre seront fermes. Ne nous plaignons pas toutefois car nous aurons la chance de vivre de l'interieur cette grande fete des couleurs.
      Nous sommes heberges chez Piyush, a la peripherie de la ville, presque a la campagne dirions nous en France, si ce n'est la multitude d'immeubles en construction qui fleurissent tout autour, dont le futur et immense Palais de Justice. Nous sommes plonges dans l'Inde en mutation, celle qui avance avec une croissance a deux chiffres, celle qui absorbe l'economie de marche a vitesse grand V. Le pays n'est cependant qu'en voie de developpement. Les echaffaudages sont constitues de pieces de bois brut, s'elevant avec peine dans une impression d'equilibre precaire. Les buffles d'eau sillonnent les chantiers ou campent les ouvriers dans des habitations de fortune au pied des immeubles ultra modernes qu'ils batissent. C'est l'Inde en mouvement et dont on n'ose imaginer la quantite de gens qu'elle laissera sur le bord de la route (et ce n'est pas une image ici) dans ce pays au milliard deux cent millions d habitants.
       Piyush, la trentaine, est informaticien et vit seul dans une belle et grande maison. Il possede trois voitures et une moto. Nous sommes accueillit chez lui par Kiss, son adorable jeune Rottweiller femelle. Piyush est aux petits soins avec nous. Nous sommes les premiers etrangers qu'il recoit chez lui et il fait montre de toute l'hospitalite indienne. Nous en sommes presque genes tellement il nous entoure d'attention. Comme il est en vacances, il est bien decide a nous faire visiter cette ville de Lucknow qu'il habite depuis seulement six mois. Il nous emmene ainsi l'apres-midi, dans son gros 4X4 Mahindra, visiter un marche de l'artisanat. Il nous presente Rahul, vraisemblablement son meilleur ami, avec qui nous nous baladons dans un quartier commercant de la ville. Au cours de cette balade nous visiterons meme une eglise catholique, batiment moderne en beton, juchee au sommet d'un promontoire de marches et surplombee d'un enorme Christ aux bras ouverts. La religion catholique est la troisieme du pays apres l'Hindouisme et l'Islam, mais devant le Bouddhisme.

       Le lendemain nous partons a moto avec Piyush et Rahul visiter le Bara Imambara, plus grand palais de la ville. Si cette derniere est la plus moderne et la plus propre, pourvue de plus d'infrastructure routiere digne de ce nom, que nous ayons vu jusqu'a present, elle n'attache que depuis peu de temps d'importance a la preservation de son patrimoine. Ainsi, le palais n'est pas particulierement bien entretenu meme si des efforts vont dans le bon sens. La visite est toutefois tres interessante. Le palais, qui a premiere vue ressemble a un palace d'habitation, est en fait une veritable forteresse ou tout a ete pense par le Nawab Asafud Daulla qui l'a concu pour se defendre en 1784. Ce dernier etait en effet un paranoiaque patente et laissera la marque de ce trait de caractere jusque dans l'architecture du palais. Apres avoir passe une premiere porte magistrale, on se trouve dans une cour bordee d'espaces fleuris avec deux chemins menant a une seconde porte impressionnante elle aussi. Le decor des portes, aux garvures elegantes, dont les deux poissons embleme du Nawab puis de la ville, masque une architecture de forteresse. La seconde porte passee nous entrons sur l'immense esplanade avec en face, le palais lui-meme, a droite, l'immense mosquee, a gauche, les restes d'un batiment qui servait principalement de reservoir d'eau et de bains ou hamams. Le palais habrite trois gigantesques salles de reception, semble-t-il les plus longues du monde sans pilliers, dont une des particularites est une accoustique remarquable. Si un homme craque une allumette de l'autre cote de la salle principale, longue d'au moins cinquante metres, vous l'entendez comme s'il n'etait qu'a deux metres de vous. A l'etage au-dessus, c'est un vrai labyrinthe de couloir qui vous attend, ainsi voulut par le Nawab pour sa protection. La aussi l'accoustique est impressionnante. En collant votre oreille a la paroi, si une personne, le visage colle sur une autre a quelques couloirs de la, chuchote une phrase, vous l'entendez comme s'il le faisait a votre oreille. De retour du toit de l'edifice nous nous perdons dans le labyrinthe, notre guide nous ayant laisse trouver par nous-meme la sortie. Il nous explique ensuite le summum de la paranoia du Nawab. De n'importe ou dans le palais vous pouvez apercevoir non seulement les alentours a des kilometres a la ronde mais aussi chaque point strategique de la forteresse. Grace a des fenetres installees en enfilade, de l'interieur du palais jusqu'a la premiere porte exterieure, il pouvait tout observer. Plus fort encore, dans le batiment servant de cuve a eau, des fenetres lui permettaient de surveiller l'exterieur, sans etre vu, grace un jeu subtil de reflet sur l'eau.
      Le soir nous dinons chez Rahul ou nous faisons la connaissance de ses petites nieces Tisha (5 ou 6 ans) et Manou (2 ans). Rahul nous a reserve un festin avec toute une ribambelle de plats. Nous n'y arriverons a bout qu'avec peine. Il avait meme prevu du whisky, et, pour lui faire honneur, nous en buvons deux verres, brisant ainsi l'abstinance que nous observions depuis notre arrivee en Inde. Apres le repas nous nous retrouvons dans le tumulte indien desormais habituel en allant jusqu'au bazaar. Il est prevu, comme a de nombreux endroits de la ville, d'y enflammer d'enormes buchers pour inaugurer les festivites d'Holi. Une fois les buches embrasees, vous devez y deposer des offrandes afin de purifier et de chasser les demons que vous avez accumule au cours de l'annee. Demain, l'eau et les couleurs acheveront cette purification. Nous achetons donc quelques galettes de bouses sechees (vaut mieux ca colle pas aux doigts!) ainsi que des epis de ble pour nourrir le foyer purificateur. Nous profitons aussi du bazaar pour acheter chemises et pantalons en previsions du lendemain.

      Samdei 22 Mars: jour d'Holi! L'Inde entiere est aujourd'hui sous un nuage de poudres colorees et ne va pas tarder a etre detrempee. La tradition d'Holi veut en effet que chacun asperge les autres de couleurs par tous les moyens. Nous avons la chance de vivre Holi dans la famille de Rahul, hommes, femmes et enfants reunis. C'est la maniere la plus traditionnelle de celebrer cette fete. Il y a bien sur de grands rassemblements au centre de chaque ville mais cela a tendance a virer a la grande fete techno avec musique a fond et batailles rangees aux pistolets a eau, dont les touristes raffolent. Pour nous ce sera plus soft, mais avec un vrai sens du partage et de l'amitie. Comme si nous n'etions pas assez colores, Piyush et Rahul nous ont tendu un piege: sous pretexte de prendre une photo de nous deux, l'un emprunte notre appareil photo et, pendant qu'il fait la mise au point, l'autre vide une bassine d'eau teintee de rose sur les tetes des deux innocents! (voir photo).
      Nous notons aussi qu'a l'instar du Carnaval de Rio, Holi, avec tout ces visages meconnaissables, est le theatre de reglements de comptes et autres actes de violence terribles. Rien qu'a Lucknow c'est pres d'une dizaine de morts que l'on a recense. Les Indiens, peu habitues a boire, deviennent parfois violents en etat d'ebriete. Pendant notre sejour, le journal ne relatera pas moins de cinq faits divers au cours desquels des personnes, voir des enfants, furent brules vifs par des hommes ivres, le plus souvent pour des pecadilles.
      Mais bien sur, Holi est avant tout une gigantesque fete ou tout le monde sans exception s'adonne a ce bombardement de couleur pour celebrer le Printemps. En retournant chez Piyush, nous serons ebahit de croiser en moto, voiture ou velo, tous ces fantomes colores derriere les masques desquels nous cherchons a deceler un pere de famille, un docteur, une grand-mere, etc... C'est un moment unique a vivre et nous sommes heureux de l'avoir partage avec Piyush et Rahul.

      Dimanche, Piyushe et Rahul nous emmenent a Science City. Les differentes expos et ateliers educatifs sont interessants, meme si certains ont un peu vieillit. En revanche nous assistons a la projection d'un film (sur l'histoire des chutes du Niagara!) dans un cinema 360 degres. Le show est epoustouflant.
      Nous nous rendons ensuite au Residency, quartier ayant subit le siege de Lucknow en 1857. Residency, quartier ou vivaient les colons anglais, fut en effet le theatre de la premiere revolte independantiste indienne. Pendant plusieurs mois, quelques milliers d'Anglais vont se retrouver pris au piege, subissant les assauts repetes des insurges indigenes, prives de nourriture et d'eau. A la fin du siege, c'est plus de deux mille cadavres, hommes, femmes et enfants, que l'on extirpera des ruines. La visite en est interessante, d'abord du point de vue historique comme premier acte vers l'independance, ensuite parce que le quartier, immense, n'a pas ete touche depuis, a l'exception de travaux d'entretien. Vous entrez donc dans une veritable ville fantome, au calme glacial, et ou les trous de boulets de canons qui truffent les facades, evoquent la violence de cette bataille vieille pourtant de cent cinquante ans. Ceux qui ont, un jour, visite Oradour s/ Glane pres de Limoges comprendront immediatement la sensation singuliere que ce type d'endroit provoque, et la puissance du temoignage qu'il suscite.
       Tout au long de l'apres-midi nous degustons, aupres de petites echoppes installees sur les trottoirs, des specialites locales telles le Dahai Ke Batashi, Dahi Bhalla (patisserie traditionnelle d'Holi). Comme partout en Inde, nous croisons de nombreux mendiants, souvent des enfants, qui nous reclament quelques roupies. Piyush nous explique qu'il faut malheureusement se mefier des apparences. Nombres d'entre eux sont en fait organises en veritable mafia au business juteux. Rien que sur la ville de Bombay, c'est plusieurs dizaines de millions de dollars qui sont chaque annee ainsi recoltes par de faux mendiants possedant parfois plusieurs appartement dans les quartiers chics de la ville. L'Inde est pauvre mais ce n'est pas toujours les plus nesseciteux qui vous reclament de l'argent. Il nous en fait la demonstration en proposant de la nourriture a une fillette d'a peine dix ans qui nous agrippe les manches depuis quelques minutes: elle refuse la nourriture et s'en va aussitot a la recherche d'autres bonnes ames. Certains enfants sont ainsi tenus de rapporter chaque jour telle somme d'argent a leurs parents, qui se muent alors en veritables maquereaux!
       En fin de journee, nous passerons devant un chantier pharaonique de la ville. Un immense parc est en construction, non loin du siege de l'entreprise Sahara (industrie tentaculaire indienne, s'occupant d'acier, d'immobilier, de voitures ou encore de tele) sponsor de l'equipe nationale de Cricket (veritable folie en Inde!). Le chantier est gigantesque avec elephants monumentaux en pierre aux entrees, quatres voies de luxe en construction pour y acceder, batiment extravagant au centre devant accueillir expos et musees.

       Lundi 24 Mars, Piyush est brutalement rappele au travail. Il doit intervenir a New Delhi dans les plus brefs delais. Notre depart est en consequence egalement precipite. A peine le temps de faire nos sacs et nous voici dans un bus partant pour Varanasi. Les adieux sont brefs. Nous aurons passe quelques jours fort agreables avec cet homme calme et doux, souvent silencieux mais avec qui nous auront partage de tres bons moments.

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Commentaires
M
Moi je verrais une autre version de la fête des couleurs! Ça s'appellerait Breiz Au Lit! On se baladerait tous des des lits à roulettes et on paresserait sous des couettes multicolores! Qui dit mieux?
M
J'aime bien cette idée du jour d'Holi. Il faudrait qu'on fixe un jour dans l'année où on se rassemble. Ce serait le breizh Holi. Sans la violence et la techno bien sûr !<br /> <br /> PS : J'aime beaucoup aussi la nouvelle coupe de cheveux de Pierre-Louis !
P
Je suis heureuse d avoir de tes nouvelles tonton! Tu dois etre le seul de la famille qui nous suit, on a plus de commentaires de Francois ou des autres... Bouhou... Donc on repond avec plaisir a ta question, c'etait au depart un Canon Eos 350D ( qu'on nous a vole au Chili et qu'etait trop bien! On s'en fout, Brigitte a le meme, on le lui prendra dans son sommeil...(rire)) et maintenant, depuis l'Inde c'est un Sony DSC H7.<br /> D'autres questions? Allez au revoir Tonton<br /> Bravo Amelie pour ton efficacite!<br /> Maman: t'as vu la photo ou Pierre Louis a des lunettes comme dans "Chips"? Il a la classe avec sa nouvelle coupe de cheveux!
T
acec quel appareil faites vous photos
M
Quel cadeau! Des images et du texte! Ah! Tout ceci est réjouissant!<br /> J'aime beaucoup la coiffure de Pirlouis de plus en plus sauvage! A quand la coupe Jackson Five???
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